Michel Schneider, Dans un système symbolique…

 

« Dans un système symbolique, les liens ne résultent pas de l’action volontaire des individus, ils les précèdent par une tradition et font peser sur eux une contrainte. Relève de l’ordre symbolique tout ce qu’on ne peut changer, quoi qu’on en ait : le nom, les règles de filiation, la langue, la grammaire, la différence des sexes, la finitude de la vie. On ne choisit pas le nom qu’on porte, les parents qu’on a, la langue qu’on parle et les règles qui la gouvernent, la place qu’on tient dans la différence des sexes, la mort qu’on rencontre l’heure venue. S’il restreint la liberté des choix, l’ordre symbolique accroît aussi cette vraie liberté qu’est le désir. Les choses qu’on ne choisit pas ont un grand avantage : elles nous protègent de nos pulsions et de nos pensées les plus primitives. Elles survivent à l’agression et à la culpabilité, et par cela même les limites. Les parents, parce qu’on n’a pas choisi de naître, et naître de ceux-ci, permettent ce rôle de construction d’un soi non dépendant. Lacan parle du symbolique en tant que « loi », « chaîne », « extériorité », « ordre », « servitude» *. L’ordre symbolique est en effet ce qui assujetti l’individu, aux deux sens du terme, en lui permettant de dire « je » et en limitant son vouloir. Il le libère de l’absolue liberté qui n’est qu’équivalence de tout avec tout et le dispense de la fuite dans le rien ne vaut rien. »

Michel Schneider, La confusion des sexes, coll Café Voltaire, Flammarion Paris, 2007, P 120-121.

 

*Jacques Lacan, Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p11, 468,469,495

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