comme si elle fuyait un danger (Patrick Modiano)

 

« Elle avait laissé la clé de contact sur le tableau de bord. Elle est entrée dans l’immeuble. Je me suis demandé si elle reviendrait. Au bout d’un moment, je suis sorti de la voiture et je me suis planté devant la porte de l’immeuble, une porte vitrée avec des ferronneries. Peut-être y avait-il une double issue. Elle disparaîtrait et me laisserait avec cette voiture inutile. J’ai essayé de me raisonner. Au cas où elle me fausserait compagnie, j’avais quelques points de repère : le café de la rue Washington dont Jacques était un habitué, l’appartement d’Ansart et surtout les valises. Pourquoi cette crainte de la voir disparaître ? Je la connaissais depuis vingt-quatre heures et je ne savais rien d’elle. Même son prénom, je l’avais appris par des tiers. Elle ne tenait pas en place, elle allait d’un endroit à un autre comme si elle fuyait un danger. J’avais l’impression de ne pas pouvoir la retenir. » 

Patrick Modiano, Un cirque passe, Gallimard  p.49, 1992

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