L’ombre interne II.5 (Théâtre)

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L’OMBRE INTERNE (II.5)
(Publication de ce texte les jours impairs de Juin & juillet 2005)

5

— Bonjour, Luc. Je ne vous réveille pas ? Vous avez une bonne voix au téléphone… Qu’est-ce qui vous fait rire ?
— Votre remarque.
— Ma “remarque…” J’ai tenu quatre jours.
— Vous avez oublié où se trouve la rue Lacépède… J’ai envie de vous voir.
— Je ne peux pas en ce moment …
— J’ai appelé l’hôpital et…
— Et on vous a dit que je ne travaillais pas ! Je liquide mes congés de l’année.
— J’ai pensé…, heu… J’ai pensé qu’on pourrait se voir.
— Impossible. Je repeins un séjour,dans un appartement du huitième.
— Je ne vous crois pas !

Peu après

— Qu’est-ce qui vous a pris à me raccrocher comme ça ?… Répondez-moi… Luc ! Je sais que vous êtes là… Excusez-moi, j’ai été…, mais je… Je ne parviens à croire que vous repeignez un appartement.
— Un séjour.
— Alors c’est vrai. Et pourquoi ?
— …
— J’ai tenté de vous appeler le soir.
— Je travaille ailleurs. Vous voulez savoir où ?
— Je n’ai rien dit.
— Je travaille la nuit aussi, je fais le trottoir, je me prostitue sur les berges du canal.
— Ne dites pas n’importe, Luc !
— Mais oui ! En trois clients je peux gagner plus qu’en une semaine à l’Hôpital. Vous vous rendez compte !
— LUC !
— C’est le nom que je donne aux michetons. Tous des “Luc”
— Taisez-vous, vous oubliez mon âge.
— Ça vous sert de temps en temps, votre âge !
— Ne raccrochez pas encore.
— Je dois me préparer.
— Je vous en prie, j’ai envie de vous voir;
— Pas en ce moment.
— Attendez, je vous propose, heu…, je… On se retrouve dehors, où vous voulez, je vous laisse choisir l’endroit. Ne soupirez pas !
— Une douche, eau de toilette et direction le canal.

Le lendemain

— Tiens !…
— Oui, je sais ce que vous allez dire.
— Rien, je n’ai l’intention de rien dire.
— Excusez-moi pour hier, vous m’en voulez ?
— Vous m’attrapez au vol, j’allais juste sortir.
— Que voulez-vous Amalia ?
— Je voudrais vous voir, mais dehors.
— Dehors ?
—Je ne recommencerai plus, je vous le promets, Luc !
— S’il y a bien des engagements que je ne puis croire, ce sont bien ceux-là.

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