« détail » (Portrait des époux Arnolfini, de Jan van Ecyk,1434)

detail.JPG

eyck_wedding.jpg

Un texte de Xtine MERBEL sur ces 2 images.

« Cette note d’aujourd’hui ou comment rapprocher une photo et un tableau, distants de centaines d’années. Ou comment retravailler un tableau, en insistant sur une des sources de lumière -la fenêtre. Comment aussi user de la correspondance entre le drapé du voilage-statique et le plissé de la robe en drap vert de l’épouse – sans mouvement. Comment enfin proposer un sens…Mais il y a plus peut-être que ce travail sur la forme. Les personnages du tableau de Van Eyck ne sont là que pour donner à l’espace, à la perspective de la profondeur, une dimension palpable et tangible . De même les couleurs,dont la symbolique ne pèse pas lourd pour l’interprétation de ce tableau de commande au regard des éclairages qu’elles multiplient avec la fenêtre et le lustre. L’absence de tout personnage sur la photo confirme cette sensation de « l’inutilité » des époux dans le tableau: la lumière, le voilage, donnent à l’espace, à l’arrière-plan et au tout premier aussi, une consistance, un poids que chacun peut interpréter selon sa sensibilité (sérénité, solitude, protection, froideur…) Du coup, on se met à penser que ce sont précisément les personnages qui sont des « détails » et que seul l’espace, l’infini occupent l’esprit du peintre et le nôtre. Car l’espace est-il éternel? Infini? Réductible?

La photo éclaire de sens le tableau et tous les mots, ou les outils d’analyse picturale deviennent inutiles. Van Eyck , Titien plus tard, avaient avec ces tableaux de commande un pouvoir extraordinaire, celui de ne travailler que leur art, en se mettant dans la poche des puissants, qui n’étaient pour eux que sujets ou prétextes à travailler leur technique, leur imaginaire afin de s’ajuster au mieux avec leur conception du monde… »

Ce contenu a été publié dans Works in progress. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à « détail » (Portrait des époux Arnolfini, de Jan van Ecyk,1434)

  1. jeandler dit :

    Draperies si légères ou de velours alourdies
    De couleurs ou grises
    Unies ou détaillées
    De lumières toutes deux.

  2. MT OBADIA dit :

    Quelle jolie idée, ce clin d’oeil par delà le temps et la lumière…..

  3. merbel dit :

    Cette note d’aujourd’hui ou comment rapprocher une photo et un tableau, distants de centaines d’années. Ou comment retravailler un tableau, en insistant sur une des sources de lumière -la fenêtre. Comment aussi user de la correspondance entre le drapé du voilage-statique et le plissé de la robe en drap vert de l’épouse – sans mouvement. Comment enfin proposer un sens…

    Mais il y a plus peut-être que ce travail sur la forme.
    Les personnages du tableau de Van Eyck ne sont là que pour donner à l’espace, à la perspective de la profondeur, une dimension palpable et tangible . De même les couleurs,dont la symbolique ne pèse pas lourd pour l’interprétation de ce tableau de commande au regard des éclairages qu’elles multiplient avec la fenêtre et le lustre. L’absence de tout personnage sur la photo confirme cette sensation de « l’inutilité » des époux dans le tableau: la lumière, le voilage, donnent à l’espace, à l’arrière-plan et au tout premier aussi, une consistance, un poids que chacun peut interpréter selon sa sensibilité (sérénité, solitude, protection, froideur…)
    Du coup, on se met à penser que ce sont précisément les personnages qui sont des « détails » et que seul l’espace, l’infini occupent l’esprit du peintre et le nôtre. Car l’espace est-il éternel? Infini? Réductible?

    La photo éclaire de sens le tableau et tous les mots, ou les outils d’analyse picturale deviennent inutiles. Van Eyck , Titien plus tard, avaient avec ces tableaux de commande un pouvoir extraordinaire; celui de ne travailler que leur art, en se mettant dans la poche des puissants, qui n’étaient pour eux que sujets ou prétextes à travailler leur technique, leur imaginaire afin de s’ajuster au mieux avec leur conception du monde…
    Cette essai d’explication par juxtaposition tableau /photo me plaît beaucoup et comme l’expliquait Arasse dans « On n’y voit rien », la peinture révèle sa puissance en nous éblouissant, en nous montrant que nous ne voyons rien de ce qu’elle nous montre… Mais ce rien, ce n’est pas rien…

Laisser un commentaire