Le goût de la langue

L’un des aspects de la crise de la culture, en France, c’est précisément que les Français, dans leur masse, me semble-t-il, ne s’intéressent pas à leur langue. Le goût de la langue française a été entièrement hypothéqué par la scolarité bourgeoise; s’intéresser à la langue française, à sa musicalité (…) est devenu par la force des choses une attitude esthétisante, mandarinale. Et pourtant, il y a eu des moments où un certain contact était maintenu entre le `peuple’ et la langue, à travers la poésie populaire, la chanson populaire ou la pression même de la masse pour transformer la langue en dehors des écoles-musées. On dirait que le contact a disparu; on ne le perçoit pas aujourd’hui dans la culture `populaire’, qui n’est guère qu’une culture fabriquée (par la radio, la télévision etc.).

Roland Barthes, Le Grain de la voix: Entretiens 1962-1980 (Paris: Seuil, 1981)

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