Selon 12 (FIN) (Théâtre)

Selon1Selon2

SELON 12 (FIN) Théâtre

La scène serait recouverte d’une lumière fantomatique au travers de laquelle Sam échapperait à la distinction. Il tiendrait en main les feuillets de son Journal, texte — toujours en cours — et qui à mesure que le temps passera, seront dispersés sur le plateau.
Tantôt il lira son Journal, tantôt il écoutera une voix en lui, (voix « off ») tantôt il s’adressera à une personne peut-être imaginaire… (Adressées)

SELON, textes 1 à 7 du 25 au 31 mars 2005

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Voix « off »
Sylvia est là, elle m’attend, je sens sa présence mais je suis dans l’incapacité de la voir. Les tours s’élèvent au centre d’un point noir d’où partent des couleurs d’ombre. Comment tirer de ce néant un sens au chemin qui s’écarte ? Je me déporte vers un endroit caillouteux où mes pas sont retenus par la dénivellation. C’est en me retournant que j’aperçois le trou béant d’un cratère.
Goût de cendre dans la bouche. Mais non ! Je le vois bien, vous vous demandez où je vais vous conduire ? Mais ne croyez pas un instant ce que je manipule avec les mots, non ! Je transforme, accueille, modèle et retourne chaque masse phrastique sur un plan et au moment où l’opération est en cours, les mots me pètent à la figure. Passons. En Hébreux, “hébreux” signifie : “Passer”. Vous comprenez alors où je ne veux pas en venir. SELON !

Lecture du Journal
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Adressées
Et vlan, partez ! SELON quel angle se tenir pour voir en entier ? Il y a bien des théories sur la question mais elles se plaignent l’une l’autre dans des sortes de manifestes. Quink Solv-x . Noir. Etaler cette matière sur la toile et aller me chercher. Fins passages, molles applications et détours d’instruments. Colles et couleurs. Multiplier les matières, question d’aujourd’hui et allez le nouveau, emparez-le pour vérifier s’il tient dans votre œil. Foutaise ! A force de s’embarrasser de tous les matériaux possibles, nous sommes arrivés au point de départ : l’émotion de la trace. Il y en a bien qui pensent, dont je suis, que l’art est une perpétuelle affaire d’émotion et d’affect, seules diffèrent les moyens. Une seule ligne pour une si petite attente. Ne recommencez pas, enfin !
Noms, Noms NOMS… “L’Art n’existe pas, les artistes, oui.” A discuter modérément, au risque de s’y perdre et pire, d’en laisser sur la route.
Tenir, Tenir, SELON ! Je ne cesse d’envahir cette ambition tout en sachant qu’elle capitalise une énergie mortifère. Un verbe, un seul pour assigner la réalité quotidienne. Un, deux, trois : la passe en UN mais qualifiée par le transfert de trois unités. Et au suivant. Attention, la page va s’arrêter, va falloir tourner. Mythe du Livre relié à une vie. Assemblez-les Toutes ensemble, ces vies et vous verrez qu’elles se distinguent à peine. Seules les morceaux changent de configuration.
Sam, vous m’épuisez avec vos considérations générales, je ne suis pas venu pour écouter vos foutreries ! Excellent, l’expression “foutrerie”, excellent, j’adore ! Passons ! Inventons un dialogue. Surtout pas ! Allez, laissez-vous faire. Pas question ! Je vous passe un mot, vous m’en donnez un autre, et comme ça on s’en échange tant qu’on peut. Assurément pas ! Non ! Vous ne connaissez qu’une signe de ponction ? Quoi ? L’exclamatif. Laissez ! Non ! Vous me copiez ! Vous avez remarqué, c’est bien…Vous ne répondez plus…, allez faites un effort en mémoire de tous les mots prononcés et de tous ceux disparus. Non ! Une humanité fondée sur le refus. Qu’est-ce qui vous prend ? Je vais expliquer. Et cette peuplade d’Amérique qui annule un mot de leur vocabulaire à chaque fois que disparaît un membre de la tribu. Et alors ? Vous ne comprenez pas ? Je vous attends. Attendez !

Sylvia, tu n’as plus de nom.

Sylvia apparaît. Stupéfait par cette apparition, il lâche dans un souffle.

Tu es sortie…

Sam s’effondre sur les feuillets du Journal. Noir

FIN

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