Selon 1 (théâtre)

Selon1Selon2

SELON 1 Théâtre

La scène serait recouverte d’une lumière fantomatique au travers de laquelle Sam échapperait à la distinction. Il tiendrait en main les feuillets de son Journal, texte — toujours en cours — et qui à mesure que le temps passera, seront dispersés sur le plateau.
Tantôt il lira son Journal, tantôt il écoutera une voix en lui, (voix « off ») tantôt il s’adressera à une personne peut-être imaginaire… (adressées)

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Lecture du Journal
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(Adressées)
Depuis que je marche dans cette ville, il me semble que les limites de la cité reculent et que je ne parviendrai jamais à observer le noir autour des limites. Non.
Il y a dans ma décision l’annonce d’une détermination qui me laisse impavide. “A force d’y croire.” Dois-je rajouter un point de terminaison, d’interrogation, ou de ceux qui exclament . ? ! De ces signes dont on peut bien se passer. Quand on parle, les entendez-vous ? Tiens ! , en voilà un et puis un autre et d’autres encore, pour les siècles des siècles…

Voix “off”
Sylvia me demande de ne pas l’attendre, d’ignorer sa constance, cette fidélité à toute épreuve qui pue la trahison. Et c’est par là qu’elle m’échappe en s’avançant si près, en se donnant, en accomplissant un commandement issu des dehors de l’être. De cette zone amoindrie où subsistent des restes de volonté.
Ah, la volonté, qu’elle méprise ! Et ça croit que ça joue, ordonne, commande, se soumet, déborde, fait du verbe, de la science. C’est par cet impossible que… Non !

Lecture du Journal
Sylvia, si tu me lies encore c’est pour tenir sur tes jambes. Droites et dures. Brillantes. Elles dessinent sous la lumière des arcs tendus qui ploient sur la pression du corps, la colonne au-dessus ne vertèbre qu’une articulation de positions. Tantôt froides, tantôt mates, ces articulations s’étirent, voudraient se tendre dans l’axe, celui qui relie au ciel.

(Adressées)
Mais non. Avec le ciel, c’est tordu. Perpétuellement. Alors on s’invente des religions, des rites de passage, de divination, de substitution. D’un à l’autre. C’est comme si la Nature (Tiens donc !) avait mis en place un dispositif d’élévation, de strate en degré, de place en territoire. Prenez la file par là, suivez le chemin jusqu’au trente troisième cercle et revenez par l’arrière. Mais oui, par l’arrière. Par cette porte dérobée qui ouvre sur les arrières de l’être. Monstrueuse construction toujours en passe de se suffire, de manquer, de surseoir, d’attendre. (Pour la suite, voir à l’intérieur.)
Sylvia me le dit, elle qui se contente de dessiner sur le sable, juste avant que la mer recouvre les traces. “Impair- Passe-Manque.” Tout Elle, dans ces trois termes. Des mots qui ont une fin. De non recevoir ou d’ailleurs ! Si je ne l’avais pas près de moi à me répéter chaque fois les mêmes mots, je n’aurais pas compris le sens du fruit : émanation magique qui signe l’antériorité… Le sucre…, la saveur… Doux, doux et comme un renoncement. Quand elle m’indique de renoncer, c’est par elle, en elle, que j’accomplis l’acte le plus extrême. Mais renoncer à quoi, au juste ? A écrire ? Est-ce que j’écris ?

Lecture du Journal
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Voix « off »
Elle me regardait…, me regardait… Observe-t-on jamais assez un visage pendant qu’un tel, parle ? Remarquez, dès que vous fixez les yeux, ces rondeurs cillées et mobiles, l’autre en face bouge sur lui-même, se dévie, va chercher en haut, à droite, au fond. Selon ! Un endroit pour s’accrocher ? Que penser ? Il a beau continuer, se tenir aux mots, y tenir jusqu’à l’épuisement, jusqu’à cette frange docile qui nous fait continuer à paraître. En ParlAnt. Je me souviens…, j’avais écrit, E, P, A : Eliminer Par l’Artère. Là d’où ça pulse, se réjouit, monte et se détend. Non, on ne voit jamais un visage devant qui parle, vous adresse ses mots avec son haleine, là, tout près. A la bonne distance interlocutoire de la confidence, de l’aparté, du “Vous, vous pouvez entendre ça !” Sottise ! C’est parce qu’on croit que l’autre en face vous entend que l’on continue à jacter. Si on ne portait cette croyance comme un poids, on ne pourrait pas continuer. Pourtant…, Plus tard…, Plus loin…,

(adressées)
Sylvia…, Sylvia, tout en toi, dans tes mots, tes notes éparses, ces sortes de matières minérales ou liquides, tes couleurs aussi, en tout ça, ressortait, la non possibilité d’entendre. “Affection de l’entente, du territoire partagé, de la marche.”, que tu disais ! A vue et aux regard. A tâtons. Que je rajoute ! Si je pouvais me conformer ?… Pas moyen de traverser les noms par des références, des dates, des lieux, des restes, ce qu’on laisse. Après ! Vous m’écoutez, peut-être, vous tous là, autour ? Lisez aussi !, mais en avance. Par avance. Selon une géométrie variable, tantôt par un bord, tantôt par un autre. Et si c’est un cercle, il faudra tourner avec la circonférence, suivre son parcours sans déborder. S’en tenir à la stricte observance de la ligne. C’est ce qu’on attend, non ? Pourtant ça ne marche jamais, vraiment…

Voix « off »
Beau dessiner les lieux où gambader, les cases à occuper, la grille à confirmer.

(Adressées)
Ah !, que me voulez-vous encore ? Vous tenir par la main… Là…, devant tout le monde ? Pourquoi pas ? Et si on s’éloignait un peu…, et si on rejoignait cette tache de lumière là-bas entre l’eau et la forêt. Tout semble en attente. Je ne peux m’empêcher de penser aux bruits qui m’épient quand je suis entouré par des végétaux, ces centaines de milliers de variétés dépendant de la lumière, de l’humidité, des différences de température… Variétés. Elles ont été dispersées et nous, nous les avons combattues, captées, maîtrisées… Maîtriser la nature. C’est comme ça qu’on nous apprenait d’où nous étions sortis, par quel trou de balle il convenait de se hisser pour que la tête déjà, atteigne air et lumière. Airs et lumières au pluriel, avec ce plus entre, ces accumulations divergentes où se trament de savants dosages de gaz et de particules.

Lecture du Journal
(Adressées)
Lire en sautant des pages. Ah oui !

Lecture du Journal
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(Adressées)
J’ai écrit ça ?…

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