Le texte de RB

Sauter des formes, parcourir des contrées inhabitées, s’entourer de mots rares ou inactuels, défier toute appropriation et puis poursuivre, poursuivre cette ligne basse, ce chemin discontinu qui va du fragment au fragment et par lequel on éclate des morceaux de savoir qui ne subliment aucune idée. Un vol de langages plane et détourne les mots au profit d’un unique objectif : cerner au plus prés l’idée.
On devient irrecevable quand on ne joue pas le jeu convenu de la reconnaissance, de la lisibilité universitaire, et Dieu sait si le texte de Roland Barthes est lisible de part en part comme une notice savamment élaborée pour accompagner l’utilisateur pas à pas. Ce texte nous donne envie de lire, il déclenche des passions de lecture tout en s’écartant du référent critique réclamé par l’institution. Le nouveau de ce texte vient de sa capacité à produire son inscription dans un espace déchiffrable mais en temps il est porté par une étrangeté de contenu. Il oscille entre un déjà-connu et un méconnaissable qui retient sans trop savoir pourquoi. C’est à la faveur d’une relecture lente et appliquée, c’est aprés un effort-de-plaisir que le texte se place, (comme un chanteur place sa voix) et on suit ses délinéaments qui s’enroulent autour d’un axe continûment déplacé. Le texte de Barthes n’est pas une référence en soi, c’est un tracé qui marque l’essai, décelle le latent là où il se terre et assigne l’amateur à résider dans l’indécision.

Ce contenu a été publié dans Works in progress. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire