Image(s) 1

La première image du Roland Barthes par Roland Barthes est un peu trouble, presque indiscrète : une longue femme brune, tout habillée de blanc avance et nous regarde ; au fond une charrette et son cheval sur un décor qui pourrait être une plage avec la mer qui ouvre et ferme cette scène. Partout, une pâle blancheur entoure les objets de cette image et participe à son énigme.
C’est la mer(e) au premier comme au dernier plan ; celle qui précéda de peu la fin de RB, cette mère qu’il entoura d’un amour tendre et admiratif. Cette image est la première photographie de cette autobiographie jouée, elle pourrait restée l’unique du recueil.

Une image ouvre et ferme L’Empire des signes, celle de l’acteur Kazuo Funaki avec ce regard déposé, cette pâleur étale entièrement saisie dans la frappante plénitude que dégage ce visage ; l’immobilité des signes semble annuler toute convulsion, tout paradoxe.
Absolue étrangeté de cette pose.Que nous décrit ce visage ? La rencontre d’un texte avec son lecteur ? Ces yeux là nous regardent au moment même où nous allons commencer le parcours d’un livre et s’ils n’illustrent en rien le texte qui l’accompagne, ils donnent au moins du sens à l’objet entre nos mains.

La photographie placée au début du RB/RB – la mère de l’auteur – comme celle de cet acteur japonais, ont une valeur programmatique car c’est sous leur incipit, que le texte va s’allonger, se distendre, s’enrouler, fuir une place pour en occuper d’autres, inconnues et chaque fois indécises.
Cette autobiographie fantasmée, ces traces du Japon, font la part à l’Essai, au Journal, au Recueil de souvenirs et ce, à la faveur de descriptions lentes et soutenues, spécialement ordonnées pour un lecteur sensible aux effets du signifiant.

Pour RB, la photographie est un récit et la toute première condense l’objet de son ouvrage ; que le RB/RB soit opacifié par l’image blanche de la mère ou que l’Empire des signes atomise sur le visage de l’acteur une forme du regard de l’auteur, tout cela participe à la fabrication d’un ordre du sensible dont le texte révèlerait l’essentialité.

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