David HOCKNEY, 26th November 2020, No. 2

David HOCKNEY, 26th November 2020, No. 2, peinture sur iPad

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Joan Miró, Silence

Joan Miró, Silence, 17 mai 1968

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Fellini, l’illusionniste

Épisode 1/5 : L’ombre de Rimini (1920-1939)

Tout ce qui est fellinien naît à Rimini. De la magie de la campagne romagnole, à l’exotisme du Grand Hôtel, en passant par le mythique cinéma Fulgor, cette traversée ravive des scènes d’Amarcord, film qui, en 1973, met en récit, à partir d’une mémoire réinventée, une enfance universelle.

Épisode 2/5 : Rome, la caverne aux images (1939-1960)

Rome invente Fellini et Fellini réinvente Rome. D’abord classé parmi les cinéastes catholiques, Federico Fellini fait trembler l’Italie bigote avec « La Dolce Vita ». Un succès mondial qui marque un tournant dans sa vie et son œuvre. Ou quand Federico se fond dans Fellini.

Épisode 3/5 : Federico des esprits

Sous l’impulsion de son psychanalyste, Federico Fellini écrit et dessine ses rêves de 1960 à 1990. Il les consigne dans un livre, longtemps retenu dans le coffre d’une banque et publié en 2007. Ceux-ci deviennent la matière même de ses films, un laboratoire imaginaire d’images et de symboles.
De l’écriture du scénario à la postproduction, un film est pour Fellini une expérience totale. Il l’orchestre comme un peintre sa toile, se jouant des couleurs, des lumières, des décors et des costumes au gré de sa fantaisie. À Cinecittà, Fellini est chez lui. Le Studio 5 est sa maison.
Devenu peu rentable pour les producteurs, le Maestro tourne de moins en moins à la fin du siècle. Contraint de réaliser des publicités, il caresse tout de même l’idée de tourner le film maudit qu’il ne réalisera jamais : « Le Voyage de Mastorna », une traversée en avion, symbolique, vers l’au-delà.

À propos de la série

Cinéaste visionnaire, provincial et universel, Federico Fellini réalise des films comme on peint un tableau. Donnant vie aux rêves et aux sentiments dans son légendaire studio 5 de Cinecittà, son parcours de vie se mêle aux films qui l’habitent. Retour sur les cinq territoires du continent Fellini.

Federico Fellini est peut-être le seul cinéaste, note Martin Scorsese dans un hommage, qui soit devenu un adjectif, au même titre que « dantesque » ou « kafkaïen ». Il suffit ainsi de dire « fellinien » pour que tout de suite apparaissent à nos yeux des clowns, des femmes protubérantes, des foules de clercs en costumes et des fêtes, le visage de Marcello Mastroianni ou celui de Giulietta Masina. Pour qu’émergent à nos oreilles une mélodie de Nino Rota, le vent, le bruit d’une mer en hiver, des cris perdus, des rires monstrueux. Pour évoquer un sens délicat de la mélancolie, de la mémoire et de l’enfance, de l’étrange, du loufoque. La Strada, La Dolce Vita, 8 et Demi, Fellini Roma, Amarcord, la liste est longue. Fellini est tout cela à la fois : son nom est synonyme de Cinéma. « Je me suis inventé presque tout : une enfance, une personnalité, des nostalgies, des rêves, des souvenirs. Pour le plaisir de pouvoir les raconter. »

« Raconter me semble l’unique jeu auquel il vaille la peine de jouer »

Federico Fellini habite le cinéma. C’est l’incarnation du démiurge, et dans le légendaire Studio 5 de Cinecittà, ses tournages ressemblent autant aux grands ateliers de la Renaissance qu’à un cirque de province. Mais en scrutant le “continent Fellini”, on voit surgir des territoires. Une cartographie qui s’ancre dans la chronologie de la vie du Maestro. Ce sont ces territoires, ces lieux, accompagnés d’extraits de films et d’interviews du réalisateur, qui vont guider la traversée : Rimini, Rome, le territoire des rêves et des esprits, Cinecittà, et le dernier voyage…

Une Grande Traversée de Mattéo Caranta, réalisée par Somany Na

Essais et biographies

– Jean Gili, Fellini : Le Magicien du réel, Gallimard, 2009 /- Dominique Delouche, Federico Fellini, six ans avec le Maestro (1954-1960), La Tour Verte, 2019 /- Sophie Guermès, Fellini, songe d’une nuit d’automne, 5 sens éditions, 2021 /- Jean-Max Méjean, Fellini, un rêve, une vie, Le Cerf, 1997 /- Jean-Noël Castorio, Rome réinventée, L’antiquité dans l’imaginaire occidental, de Titien à Fellini, Vendémiaire, 2019 /- Anne-Violaine Houcke, L’antiquité n’a jamais existé, Fellini et Pasolini archéologues, Presses Universitaires de Rennes, 2022 /- Julien Neutres, Et Fellini fonda Rome, Cherche Midi, 2013 /- Olivier Maillart, Les Vitelloni de Federico Fellini, Réseau Canopé, 2023/- Jean-Paul Manganaro, Federico Fellini Romance, P.O.L., 2009/- Marina Geat, Simenon et Fellini, Paradoxes et complicités épistolaires, L’Harmattan, 2019/- Tullio Kezich, Fellini – sa vie et ses films, Biographies NRF Gallimard, 2007/- Rita Ciro, Federico Fellini, Le métier de cinéaste, Seuil, 2018/- Costanzo Costantini, Conversation avec Federico Fellini, Denoël, 1995 /- Enrico Giacovelli, Tout sur Fellini, Gremese, 2020 /- Vincenzo Mollica, Fellini mon ami, Editions du Rocher, 2002 /- Liliana Betti, Fellini, Un portrait, Albin Michel, 1980

Livres de ou co-écrits avec Fellini

– Federico Fellini, Propos, Buchet Chastel, 1980 /- Federico Fellini, Cinecittà, Nathan, 1989 /- Federico Fellini, Le Livre de mes rêves, Flammarion, 2021 /- Federico Fellini, Giovanni Grazzini, Fellini par Fellini, Flammarion, 2007 /- Federico Fellini, Brunello Rondi, Dino Buzzati, Le Voyage de G. Mastorna, Seuil, 2014 /- Federico Fellini, Milo Manara, Le Voyage de G. Mastorna dit Fernet, Casterman, 1996 /- Federico Fellini, Milo Manara, Voyage à Tulum, Casterman, 1993 /- Federico Fellini, Italo Calvino, Faire un film, Seuil, 1996

Livres d’exposition

– Sam Stourdzé, Fellini, la grande parade, Anabet, 2009 /- Quand Fellini rêvait de Picasso, RMN, 2019

Documentaires

– Gérald Morin, Sur les traces de Fellini, Artemis Films, 2012 /- Dominique Delouche, André Delvaux, Fellini (films), Carlotta Films, 2009 /- Anselma Dell’Olio, Fellini des esprits, Mad Entertainment SPA, 2019 / – Damian Pettigrew, Fellini, je suis un grand menteur, Portrait & Compagnie, 2002 /- Ettore Scola, Qu’il est étrange de s’appeler Federico, Carlotta Films, 2013

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Marcel PROUST, Bergotte  /  les grands écrivains

« Ce nom de Bergotte me fit tressauter comme le bruit d’un revolver qu’on aurait déchargé sur moi, mais instinctivement pour faire bonne contenance je saluai ; devant moi, comme ces prestidigitateurs qu’on aperçoit intacts et en redingote dans la poussière d’un coup de feu d’où s’envole une colombe, mon salut m’était rendu par un homme jeune, rude, petit, râblé et myope, à nez rouge en forme de coquille de colimaçon et à barbiche noire. J’étais mortellement triste, car ce qui venait d’être réduit en poudre, ce n’était pas seulement le langoureux vieillard, dont il ne restait plus rien, c’était aussi la beauté d’une œuvre immense que j’avais pu loger dans l’organisme défaillant et sacré que j’avais, comme un temple, construit expressément pour elle, mais à laquelle aucune place n’était réservée dans le corps trapu, rempli de vaisseaux, d’os, de ganglions, du petit homme à nez camus et à barbiche noire qui était devant moi. Tout le Bergotte que j’avais lentement et délicatement élaboré moi-même, goutte à goutte, comme une stalactite, avec la transparente beauté de ses livres, ce Bergotte-là se trouvait d’un seul coup ne plus pouvoir être d’aucun usage, du moment qu’il fallait conserver le nez en colimaçon et utiliser la barbiche noire ; comme n’est plus bonne à rien la solution que nous avions trouvée pour un problème dont nous avions lu incomplètement la donnée et sans tenir compte que le total devait faire un certain chiffre. Le nez et la barbiche étaient des éléments aussi inéluctables et d’autant plus gênants que, me forçant à réédifier entièrement le personnage de Bergotte, ils semblaient encore impliquer, produire, sécréter incessamment un certain genre d’esprit actif et satisfait de soi, ce qui n’était pas de jeu, car cet esprit-là n’avait rien à voir avec la sorte d’intelligence répandue dans ces livres, si bien connus de moi et que pénétrait une douce et divine sagesse. En partant d’eux, je ne serais jamais arrivé à ce nez en colimaçon ; mais en partant de ce nez qui n’avait pas l’air de s’en inquiéter, faisait cavalier seul et « fantaisie », j’allais dans une tout autre direction que l’œuvre de Bergotte, j’aboutirais, semblait-il, à quelque mentalité d’ingénieur pressé, de la sorte de ceux qui quand on les salue croient comme il faut de dire : « Merci et vous » avant qu’on leur ait demandé de leurs nouvelles, et si on leur déclare qu’on a été enchanté de faire leur connaissance, répondent par une abréviation qu’ils se figurent bien portée, intelligente et moderne en ce qu’elle évite de perdre en de vaines formules un temps précieux : « Également ». Sans doute, les noms sont des dessinateurs fantaisistes, nous donnant des gens et des pays des croquis si peu ressemblants que nous éprouvons souvent une sorte de stupeur quand nous avons devant nous, au lieu du monde imaginé, le monde visible (qui d’ailleurs n’est pas le monde vrai, nos sens ne possédant pas beaucoup plus le don de la ressemblance que l’imagination, si bien que les dessins enfin approximatifs qu’on peut obtenir de la réalité sont au moins aussi différents du monde vu que celui-ci l’était du monde imaginé). Mais pour Bergotte la gêne du nom préalable n’était rien auprès de celle que me causait l’œuvre connue, à laquelle j’étais obligé d’attacher, comme après un ballon, l’homme à barbiche sans savoir si elle garderait la force de s’élever. Il semblait bien pourtant que ce fût lui qui eût écrit les livres que j’avais tant aimés, car Mme Swann ayant cru devoir lui dire mon goût pour l’un d’eux, il ne montra nul étonnement qu’elle en eût fait part à lui plutôt qu’à un autre convive, et ne sembla pas voir là l’effet d’une méprise ; mais, emplissant la redingote qu’il avait mise en l’honneur de tous ces invités, d’un corps avide du déjeuner prochain, ayant son attention occupée d’autres réalités importantes, ce ne fut que comme à un épisode révolu de sa vie antérieure, et comme si on avait fait allusion à un costume du duc de Guise qu’il eût mis une certaine année à un bal costumé, qu’il sourit en se reportant à l’idée de ses livres, lesquels aussitôt déclinèrent pour moi (entraînant dans leur chute toute la valeur du Beau, de l’univers, de la vie), jusqu’à n’avoir été que quelque médiocre divertissement d’homme à barbiche. Je me disais qu’il avait dû s’y appliquer, mais que s’il avait vécu dans une île entourée par des bancs d’huîtres perlières, il se fût à la place livré avec succès au commerce des perles. Son œuvre ne me semblait plus aussi inévitable. Et alors je me demandais si l’originalité prouve vraiment que les grands écrivains soient des dieux régnant chacun dans un royaume qui n’est qu’à lui, ou bien s’il n’y a pas dans tout cela un peu de feinte, si les différences entre les œuvres ne seraient pas le résultat du travail, plutôt que l’expression d’une différence radicale d’essence entre les diverses personnalités. » 

Marcel PROUST, A l’ombre des jeunes filles en fleurs, p 117-119, Gallimard, coll Folio, 1988

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Pablo Picasso – Auguste Rodin

Pablo Picasso – Auguste Rodin
Photographies et montage Bernard Obadia

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Hans HARTUNG, T1949-10

Hans HARTUNG, T1949-10, 1949, huile sur toile, 50 x 73 cm

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Jacques Lacan, Premiers écrits

Présentation par Carole Dewambrechies-La-Sagna, Ecole de la  Cause Freudienne

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Lacan (On ne perd pas son temps à écouter )

Dans le cadre de ses activités à la radio, Robert Georgin réalise de nombreux entretiens importants. Celui-ci est resté l’un des plus célèbres. Il s’agit des sept questions qu’il pose à Jacques Lacan et dont les réponses constituent l’émission « Radiophonie » diffusée les 7 juin et 29 novembre 1970.

Avec

« Radiophonie » est le célèbre titre des réponses de Jacques Lacan aux sept questions que Robert Georgin lui pose à la manière d’une interview en 1970. Sept questions et sept réponses comme sept chapitres intitulés : Freud et Saussure, Structure et psychanalyse, Métaphore et métonymie, Inconscient et connaissance, Connaissance et savoir, Savoir et vérité, Impossible et réel.

« Cette radiophonie, à prime abord si peu radiophonique, se révèle en fait être aussi un mystérieux théâtre de la parole »

On peut lire la transcription des réponses de Jacques Lacan à ces sept questions dans le recueil posthume Autres écrits publié en 2001 aux Editions du Seuil. Lire Lacan c’est une chose, mais l’entendre en est une autre ! Il répond ici, pendant plus de deux heures à Robert Georgin. Une occasion rare de l’entendre discuter de ses idées et de sa théorie psychanalytique à un public large.

Retrouvez l’ensemble de la sélection « Mon passage en ce monde au nom de Lacan », un programme d’archives proposé par Albane Penaranda.

  • Par René Farabet et Robert Georgin
  • Avec Jacques Lacan (psychiatre, psychanalyste)
  • Atelier de Création Radiophonique – Jacques Lacan Radiophonie (1ère diffusion : 07/06/1970 et 29/11/1970)
  • Edition web : Documentation de Radio France
  • Archive Ina-Radio France
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Marcel PROUST, Terra incognita

« Quand, dans une famille, un des membres émigre dans la haute société – ce qui lui semble à lui un phénomène unique, mais ce qu’à dix ans de distance il constate avoir été accompli d’une autre façon et pour des raisons différentes par plus d’un jeune homme avec qui il avait été élevé – il décrit autour de lui une zone d’ombre, une terra incognita, fort visible en ses moindres nuances pour tous ceux qui l’habitent, mais qui n’est que nuit et pur néant pour ceux qui n’y pénètrent pas et la côtoient sans en soupçonner, tout près d’eux, l’existence. » 

Marcel PROUST, A l’ombre des jeunes filles en fleurs, p 88-89, Gallimard, coll Folio, 1988

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Charles MELMAN, conférence du 12/11/2019

ALI    Association Lacanienne Internationale

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TITIEN, Le Repos pendant la fuite en Égypte

TITIEN, Le Repos pendant la fuite en Égypte, vers 1510

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Jacques LACAN, Le Discours de Rome, France culture

Au fondement de l’enseignement de Jacques Lacan: le Discours de Rome en 1953

Le « Discours de Rome » prononcé en septembre 1953 par Jacques Lacan, constitue un moment décisif dans l’histoire de la psychanalyse française. Jacques Lacan en rappelle les points fondamentaux dans l’émission « Sciences et techniques », le 2 décembre 1966 sur France Culture.

Avec

Le 2 décembre 1966, dans les matinées de France Culture, c’est un orateur fameux qui prend la parole. Le psychiatre et psychanalyste français Jacques Lacan est l’invité de l’émission « Sciences et techniques », à l’occasion de la parution d’Ecrits, son premier recueil publié aux éditions du Seuil. Cet ouvrage qui regroupe des articles, leçons et diverses interventions dispersées depuis 1936 dans de nombreuses revues, contient le texte de sa conférence donnée à Rome le 27 septembre 1953 et intitulée : Fonctions et champs de la parole et du langage en psychanalyse.

« L’homme fait sa croissance, autant immergé dans un bain de langage que dans le milieu dit naturel. Ce bain de langage le détermine avant même qu’il soit né »

Jacques Lacan revient sur les points principaux de cette conférence d’après-guerre, considérée comme charnière dans l’histoire de la psychanalyse française. Invoquant un retour à la pensée freudienne et en s’appuyant sur les apports de la linguistique structurale, Jacques Lacan entend rénover la pratique analytique en y montrant que l’inconscient est structuré comme un langage.

Retrouvez l’ensemble de la sélection « Mon passage en ce monde au nom de Lacan », un programme d’archives proposé par Albane Penaranda.

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Marcel PROUST, (…) l’amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre

« La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment. Il est possible que celui-ci eût été provoqué artificiellement par ma mère qui, voyant que depuis quelque temps j’avais perdu tout cœur à vivre, avait peut-être fait demander à Gilberte de m’écrire, comme, au temps de mes premiers bains de mer, pour me donner du plaisir à plonger, ce que je détestais parce que cela me coupait la respiration, elle remettait en cachette à mon guide baigneur de merveilleuses boîtes en coquillages et des branches de corail que je croyais trouver moi-même au fond des eaux. D’ailleurs, pour tous les événements qui dans la vie et ses situations contrastées, se rapportent à l’amour, le mieux est de ne pas essayer de comprendre, puisque, dans ce qu’ils ont d’inexorable, comme d’inespéré, ils semblent régis par des lois plutôt magiques que rationnelles. Quand un multimillionnaire, homme malgré cela charmant, reçoit son congé d’une femme pauvre et sans agrément avec qui il vit, appelle à lui, dans son désespoir, toutes les puissances de l’or et fait jouer toutes les influences de la terre, sans réussir à se faire reprendre, mieux vaut devant l’invincible entêtement de sa maîtresse supposer que le Destin veut l’accabler et le faire mourir d’une maladie de cœur plutôt que de chercher une explication logique. Ces obstacles contre lesquels les amants ont à lutter et que leur imagination surexcitée par la souffrance cherche en vain à deviner, résident parfois dans quelque singularité de caractère de la femme qu’ils ne peuvent ramener à eux, dans sa bêtise, dans l’influence qu’ont prise sur elle et les craintes que lui ont suggérées des êtres que l’amant ne connaît pas, dans le genre de plaisirs qu’elle demande momentanément à la vie, plaisirs que son amant, ni la fortune de son amant ne peuvent lui offrir. En tous cas l’amant est mal placé pour connaître la nature des obstacles que la ruse de la femme lui cache et que son propre jugement faussé par l’amour l’empêche d’apprécier exactement. Ils ressemblent à ces tumeurs que le médecin finit par réduire mais sans en avoir connu l’origine. Comme elles ces obstacles restent mystérieux mais sont temporaires. Seulement ils durent généralement plus que l’amour. Et comme celui-ci n’est pas une passion désintéressée, l’amoureux qui n’aime plus ne cherche pas à savoir pourquoi la femme pauvre et légère, qu’il aimait, s’est obstinément refusée pendant des années à ce qu’il continuât à l’entretenir. Or, le même mystère qui dérobe aux yeux souvent la cause des catastrophes, quand il s’agit de l’amour, entoure, tout aussi fréquemment la soudaineté de certaines solutions heureuses (telle que celle qui m’était apportée par la lettre de Gilberte). Solutions heureuses ou du moins qui paraissent l’être, car il n’y en a guère qui le soient réellement quand il s’agit d’un sentiment d’une telle sorte que toute satisfaction qu’on lui donne ne fait généralement que déplacer la douleur. Parfois pourtant une trêve est accordée et l’on a pendant quelque temps l’illusion d’être guéri. »

Marcel PROUST, A l’ombre des jeunes filles en fleurs, p 71-73, Gallimard, coll Folio, 1988

 

 

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Matisse, Renoir, Picasso, Cézanne, Musée de l’Orangerie, Paris

Matisse, Renoir, Picasso, Cézanne, Musée de l’Orangerie, Paris

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Que reste-t-il de nos amours ?, France culture

    • L’amour platonique n’est pas l’amour platonicien, mais une élaboration postérieure à la conception de Platon. Elle se développe dans la philosophie du néoplatonicien médicéen Marsile Ficin, pour qui l’amour doit être abstinent et non charnel. Mais l’amour sans sexualité existe-t-il vraiment ?
    • L’amour sépare-t-il ou réunit-il les individus ? Est-il asocial ou, au contraire, au fondement de nos sociétés ? Réponse au XVIIIe siècle avec l’Abbé Prévost, Laclos et l’amoureux préféré des philosophes, Jean-Jacques Rousseau.
    • Outils attrayants pour trouver l’amour aujourd’hui, les sites de rencontre sont accusés d’hypersexualiser nos relations et de sonner le glas de l’amour. Une rencontre virtuelle peut-elle être amoureuse ? Et si, au contraire, elle permettait de dépasser la quête d’un soi-disant idéal amoureux ?
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Joan Miró, Danse de personnages et d’oiseaux sur un ciel bleu ; étincelles.

Joan Miró, Danse de personnages et d’oiseaux sur un ciel bleu ; étincelles, 25 mai 1968

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Marcel PROUST, Changement

 » (…) chaque fois que la société est momentanément immobile, ceux qui y vivent s’imaginent qu’aucun changement n’aura plus lieu, de même qu’ayant vu commencer le téléphone, ils ne veulent pas croire à l’aéroplane. Cependant, les philosophes du journalisme flétrissent la période précédente, non seulement le genre de plaisirs que l’on y prenait et qui leur semble le dernier mot de la corruption, mais même les œuvres des artistes et des philosophes qui n’ont plus à leurs yeux aucune valeur, comme si elles étaient reliées indissolublement aux modalités successives de la frivolité mondaine. La seule chose qui ne change pas est qu’il semble chaque fois qu’il y ait  «quelque chose de changé en France ». »

Marcel PROUST, A l’ombre des jeunes filles en fleurs, p 88, Gallimard, coll Folio, 1988

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Jacques LACAN, cabinet

Jacques LACAN, cabinet

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CARAVAGE- Pierre BURAGLIO- Guido RENI, Nancy, Musée des Beaux-arts

CARAVAGE- BURAGLIO- Guido RENI
Nancy Beaux-arts, 27 mars 2024

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carnet Lacan /2

«  C’est une loi fondamentale de toute scène critique que d’appliquer à une œuvre les principes mêmes qu’elle se donne elle-même à sa construction. Tâchez par exemple de comprendre Spinoza selon les principes que lui-même donne comme les plus valables pour la conduite de la pensée, pour la réforme de l’entendement.

Autre exemple Maimonide, personnage qui nous donne aussi certaines clés sur le monde. Il y à l’intérieur de son œuvre des avertissements exprès sur la façon dont on doit conduire sa recherche. Les applications à l’œuvre même de Maimonide nous permet de comprendre ce qu’il a voulu dire.

C’est donc une loi d’application tout à fait générale qui nous pousse à lire Freud en cherchant à appliquer à l’œuvre même les règles de la compréhension et de le de l’entendement qu’elle explicite. »

Carnet Lacan / Séminaire II / p.141

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