En 1924, Kafka mourait des suites de la tuberculose. Il nous lègue une œuvre inachevée, imprégnée par une critique de l’autoritarisme et de la bureaucratie. La philosophie s’est largement saisie de ses écrits, comme ce fut le cas de Walter Benjamin ou d’Hannah Arendt. Mais peut-on décrypter Kafka ?
- Léa Veinstein Ecrivaine
- Michaël Löwy Philosophe et sociologue, auteur de Franz Kafka et de Rosa Luxemburg. L’étincelle incendiaire.
Comme tous les vendredis, Géraldine Muhlmann et ses invités analysent l’actualité avec un regard philosophique. À l’occasion de l’anniversaire de la mort de Kafka, c’est son œuvre qui est l’objet de la discussion.
Kafka : soumission ou insoumission politique ?
L’œuvre de Kafka a fait l’objet de nombreuses interprétations, parfois contradictoires. La question de l’insoumission ou la soumission politique de Kafka est le cœur du livre de Günther Anders Pour ou contre. Léa Veinstein explique que dans ce texte, il “reprend le dispositif du procès et il imagine qu’il va tenir, lui, en tant que philosophe, le procès de l’écrivain avec les deux parties”. Günther Anders “reconnaît qu’on est dans la description et qu’on ne peut pas faire de Kafka un sociologue ou un homme politique”. Autrement dit, il affirme qu’“on doit continuer de le lire comme un écrivain et qu’il est dans la description des dispositifs”.
Kafka, l’appel à la révolte individuelle
Pour Michaël Löwy, il y a pourtant dans l’œuvre de Kafka un appel à la révolte indirecte puisque “c’est en décrivant la servitude volontaire qu’il y a un appel à la révolte”. Or, “il ne s’agit pas d’organiser un mouvement révolutionnaire, c’est toujours une révolte individuelle”. On retrouve notamment cette idée dans le roman Le Château, dans lequel Kafka “décrit tout le temps la servitude volontaire de tous les habitants du château, sauf Amalia”.
Pour en parler
Léa Veinstein, écrivaine. Parmi ses publications, on trouve :
- J’irai chercher Kafka (Flammarion, 2024)
- Les philosophes lisent Kafka (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2019)
Michaël Löwy, directeur de recherche émérite au CNRS. Il est l’auteur de :
- Kafka, rêveur insoumis (réédité en mars 2024 aux éditions Le Retrait, première parution chez Stock en 2004)
- Walter Benjamin. Avertissement d’incendie (éditions de l’éclat, 2018)
Références sonores
- Extrait du film Le Procès (1962), réalisé par Orson Welles.
- Lecture par Anna Pheulpin d’un extrait d’Hannah Arendt, « Franz Kafka » dans La tradition cachée.
- La métamorphose de Kafka, lecture par Micha Lescot du Centre dramatique national des Amandiers, texte traduit par Jean-Pierre Lefèbvre, Création pour France Culture, Lecture musicale.
- enregistrée en direct et public le 14 juillet à 20 h dans la cour du Musée Calvet à Avignon
- Chanson en fin d’émission : Adagio en sol min par Remo Giazotto (1958), Tomaso Albinoni (1671-1751).
- Titre du générique : Sabali d’Amadou et Mariam.