Marcel DUCHAMP, définir l’art

Question : “ Y a-t-il une manière de considérer le ready-made comme une oeuvre d’art ?

Duchamp : “C’est là le point vraiment difficile parce qu’il faudrait d’abord définir l’art. On a essayé, tout le monde a essayé, et chaque siècle il y a une nouvelle définition de l’art. J’imagine qu’il ne doit pas y en avoir une essentielle qui soit valable pour tous les siècles. Donc si nous acceptons l’idée de ne pas essayer de définir l’art, ce qui est une conception très légitime, alors le ready-made peut être vu comme une sorte d’ironie, ou une tentative de montrer la futilité de tenter de définir l’art,  parce que voilà une chose que j’appelle art. Je ne l’ai pas fait moi-même. Comme on sait, art veut  dire étymologiquement faire, faire à la main. C’est un produit fait main et là à la place de le faire, je le prends tout fait (ready-made), même si ça été fait dans une usine. Mais ce n’est pas fait à la main, donc c’est une façon de nier la possibilité de définir l’art. […] Vous savez ce que fait l’art mais vous
ne savez pas ce que c’est. C’est une sorte de courant inné à l’homme, ou quelque chose que vous ne devez pas définir. […] ”

Marcel DUCHAMP, interview à la BBC, 1959

 

“Que monsieur Mutt ait fabriqué la fontaine de ses propres mains ou non est sans importance. Il l’a CHOISIE. Il a pris un objet de la vie quotidienne, l’as mis en situation, au point d’en faire oublier sa fonction et sa signification utilitaires sous un nouveau titre et un nouveau point de vue – et a crée une pensée nouvelle de cet objet. »

Editorial (sans doute de Duchamp lui-même) in The Blind Man N°2, mai 1917

Ce contenu a été publié dans ARTS, Citation, Expositions Musées. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.