Gilles DELEUZE, comment du chaos naît la couleur, France culture

La peinture selon Deleuze, ou comment du chaos naît la couleur

Avec
  • David Lapoujade Maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne
  • Elie During Philosophe, maitre de conférences à l’Université de Paris X-Nanterre

Comme tous les vendredis, Géraldine Muhlmann propose avec ses invités de revenir sur un sujet d’actualité. Ce vendredi, c’est la publication des cours de Gilles Deleuze sur la peinture aux Éditions de Minuit qui nous donne l’occasion de revenir sur sa pensée. Qu’est-ce que le concept de « diagramme » ? Pourquoi parle-t-il de « catastrophe » ?

Penser la peinture par la catastrophe

Une des notions clefs que nous retrouvons dans ce cours est celle de “catastrophe”. Par là, Gilles Deleuze ne parle pas des catastrophes pouvant être mises en peinture par l’artiste, mais bien de l’acte de peindre lui-même. David Lapoujade explique : “c’est une catastrophe qui concerne l’activité du peintre elle-même, c’est-à-dire le moment où les coordonnées visuelles du peintre s’effondrent, c’est-à-dire ce moment où il ne voit plus rien, tout en observant, tout en scrutant le motif, il y a une sorte de cécité qui se produit et c’est ça la catastrophe”. Or, cette “catastrophe serait une certaine chance de voir les coordonnées visuelles s’effondrer”.

Le diagramme : un affranchissement de la main

Cette catastrophe permet à la main du peintre de s’affranchir de l’œil, et cet affranchissement se rend compte dans le « diagramme ». Elie During nous éclaire sur cette notion : “c’est un ensemble de procédés, ils peuvent prendre des formes très diverses, mais qui ont tous en commun de capter quelque chose comme un ensemble de forces, des rapports de forces qui mettent le tableau en tension avant même que des figures soient installées, disposées, composées”. Ainsi, “le diagramme est une puissance de déformation avant d’être une puissance formative”.

Pour en parler

David Lapoujade, professeur de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a préparé l’édition des cours de Gilles Deleuze, Sur la peinture. Cours mars-juin 1981, Les Éditions de Minuit, 2023. Il a également préparer les éditions de :

  • Gilles Deleuze, L’Île déserte et autres textes. Textes et entretiens 1953-1974, Les Éditions de Minuit, 2002.
  • Gilles Deleuze, Deux régimes de fous. Textes et entretiens 1975-1995, Les Éditions de Minuit, 2003.

Il est à l’origine d’un travail sur Deleuze :

  • Deleuze, les mouvements aberrants , Les Éditions de Minuit, 2014.

Parmi ses autres travaux, on trouve :

  • William James. Empirisme et pragmatisme, PUF, 1997 ; réédition Les Empêcheurs de penser en rond, 2007.
  • Fictions du pragmatisme. William et Henry James, Les Éditions de Minuit, 2008.
  • Puissances du temps. Versions de Bergson , Les Éditions de Minuit, 2010.

Elie During, maître de conférences en philosophie à l’université Paris Nanterre. Il enseigne aussi aux Beaux-Arts de Paris. Il est spécialiste de Bergson et de philosophie française contemporaine. Parmi ses publications, on trouve :

  • Glenn Gould, éditée par la Philharmonie de Paris, 2021 (avec Alain Bublex).
  • Bergson et Einstein : la querelle du temps, PUF, 2016.
  • Avec Alain Bublex, Le futur n’existe pas : rétrotypes, Éditions B42, 2014.
  • Faux raccords. La coexistence des images , Actes Sud, 2010.
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