Michel SCHNEIDER, Les objets

« Et nos objets racontent notre histoire et dévoilent moins celui que nous sommes que celui que nous ne voulons pas être ou celui que nous aurions rêvé d’être. Ils nous reflètent, nous mettent en relation à nous-mêmes, autant qu’à autrui. Mais quelle relation ? Un accrochage narcissique, brusque et vain, ou bien le lien d’étrangeté, qu’il faut tisser et maintenir ? En fait, nous utilisons nos objets pour dire ou pour oublier une identité menacée. Le malaise qu’ils tentent de conjurer est la difficulté qu’il y a à être un sujet, c’est-à-dire quelqu’un qui n’est que dans sa relation à l’autre. Alors, on préfère fuir l’autre, ou tenter de cicatriser par la présence pleine des objets le manque qu’il creuse en nous et qui s’appelle le désir. »

Michel Schneider, Big Mother, Psychopathologie de la vie politique, Ed Odile Jacob, 2002, P 129

 

« Tant d’objets sont aujourd’hui nécessaires à nos relations, interposés entre autrui et nous, ou entre nous et nous-mêmes ! De plus en plus de connexions et de moins en moins d’attachement ; de plus en plus d’informations et de moins en moins de compréhension ; de plus en plus d’individus rivés à leurs différences et de moins en moins de sujets travaillant à leur autonomie. Qu’un objet réduise mon désir au silence ne signifie pas qu’il y réponde. Qu’il vise à calmer l’angoisse et la souffrance de devoir en passer par les autres ne garantit pas qu’il parvienne à faire taire l’autre en soi. »

Michel Schneider, Big Mother, Psychopathologie de la vie politique, Ed Odile Jacob, 2002, P 130

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