Chambre noire (Patrick Modiano)


« Je me suis demandé pourquoi il ne m’avait pas prévenu de son départ. Mais ces quelques signes suggéraient bien une disparition imminente : la photo qu’il avait prise de l’hôtel boulevard Raspail et le détour jusqu’au faubourg Saint-Honoré pour me montrer le siège de l’ancienne agence Magnum et le café qu’il fréquentait avec Robert Capa et Colette Laurent. Oui, il avait fait, en ma compagnie, un dernier pèlerinage sur les lieux de sa jeunesse. Tout au fond de l’atelier, la porte de la chambre noire était entrouverte. L’après-midi où Jansen avait développé les photos de mon amie et moi, la petite ampoule rouge brillait dans l’obscurité. Il se tenait devant la cuve avec des gants de caoutchouc. Il m’avait tendu les négatifs. À notre retour dans l’atelier, la lumière du soleil m’avait ébloui. »

Chien de Printemps, Seuil éd, 1993, p. 105-106

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