côté cour

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Un texte de Caroline ZIOLKO

Côté cour, code barre and Co.,  une photographie de Bernard Obadia  « Au-delà d’un ça a été, réaliste et concret, identifiable au premier degré, la photographie peut nous conduire sur les pistes, plus savantes et combien plus complexes, d’un ça pourrait évoquer l’œuvre deou l’idée de… Et de penser devant  la photographie de Bernard Obadia: «  Côté cour  » à un dispositif artistique conceptuel proposé par un artiste contemporain. Or semble-t-il il n’en est rien. Le dispositif est fortuit. Agencement  impromptu dont le hasard des confrontations est seul l’auteur. L’opportunité du cadrage et l’acuité du regard de l’auteur proposent forme et sens à cette image tirée de nulle part.  Ce qui suppose, de la part de l’auteur,  une option initiale pour une culture plus savante et très ciblée. Et, de la part du lecteur, devant l’image,  du choix d’une recherche de sens qui va au-delà des apparences premières. Car, seule  notre interprétation personnelle entre ici en jeu.  Elle fait appel à un  niveau de lecture et de culture partagées qui va au delà de la dénotation pure et simple, dans le champ des connotations culturelles induites par l’art contemporain. Trilogie chromatique du jaune, magenta, cyan de l’univers imprimé et de la synthèse soustractive de la reproductibilité, du multiple, de l’art ou de la grande diffusion. Trilogie du RVB, de la sphère électronique de l’image vidéo ou infographique  de l’information  télévisée, au reportage, en passant par la performance  ou l’installation réalisée par un artiste et filmée avant que les projecteurs ne s’éteignent. 

Si  l’œuvre de Marcel Duchamp a fait pénétrer l’objet industrialisé dans la sphère muséale,  le pop art a,  pour sa part,  consacré dans sa déclinaison  plastique l’objet manufacturé et sa représentation comme objet et thématique d’une critique esthétique et  intellectuelle d’un mode de vie au consumérisme,  normé et normalisé à outrance.  Andy Warhol avec, en 1962, « Modèles pour peintres amateurs » anticipe sur l’art numérique  avec un art du chiffre  et la codification binaire. Critique d’un mode de vie occidentale issue de courants artistiques nord américains et anglais, l’esthétique de la communication radicalise un propos  plus théorique en France avec des artistes comme Fred Forest, mais totalement plastique avec l’œuvre de Raymond Hains.  Sa déclinaison du code barre fluctuant du Biscuit LU, en 1983, marque une étape de la critique non pas de l’image du code barre, mais de son incidence en tant que « Langue-art » dans une quotidienneté multiforme planétaire de plus en plus virtuelle. Un marketing critique convoquant des pratiques mixtes, dans les années 1980, voit s’affirmer les propos plastiques de groupes d’artistes s’auto désignant d’un logo, comme Untel, BP ou IFP (Information Fiction Publicité). Réactivant les formes et  discours de l’histoire de l’art au cours des années 90, le code à barres induit la problématique d’une réalité fractale et de la traçabilité du réel, de l’objet, de la présence du vivant. De là à évoquer l’ADN comme code barre de l’humain et à recentrer le propos même critique de l’art sur l’individu, sujet premier de la création au fil des siècles. «  Côté cour  » est une  scénographie minimaliste constituée, sur fond  sombre d’un  code barre géant, au graphisme noir sur fond jaune  et de trois spots  de lumières rouge, jaune et bleu. C’est une  œuvre photographique contemporaine attachée à un regard critique sur une quotidienneté allusivement évoquée. Hors champs visuel et sémantique incontournables. Le code barre, dans sa fonction première,  écrit, normalise et véhicule le contenu de l’information sur le produit dans un langage abstrait. La synthèse additive des trois lumières de nos écrans transcrit, codifie et restitue à présent,  toute représentation visuelle de l’information par écrans interposés… Dire  les territoires de l’économie, de la consommation et de la communication par l’image électronique ou numérique peut faire l’objet d’un long et fastidieux discours. Parvenir à évoquer visuellement  l’interrelation de ces concepts  via le raccourci universellement compréhensible du  langage photographique est une performance plastique, technique et sémantique. Les points,  lignes et  surfaces  colorés parlent alors, sur  l’image, de  la connivence, dans notre univers quotidien, des langages qui codifient aujourd’hui le réel et l’imaginaire, sa production et son échange entre les hommes et les institutions à travers la planète. 

 La forme et le contenu adoptent ici une même écriture visuelle : le langage de l’image. Force et universalité visuelles qui ne sont  rien, ou si peu, si l’on ne sait les lire et les interpréter selon l’ensemble convergeant de leurs différents paramètres.>> Caroline Ziolko

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Une réponse à côté cour

  1. merbel dit :

    Les couriers décodent ce que pensent les jardiniers. Ils ne vont pas en faire une scène, quoique…

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