L’Ombre interne (III.3)

LA PUBLICATION DE CE TEXTE EST INTERROMPUE PENDANT QUELQUES JOURS

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L’OMBRE INTERNE (III.3)
(Publication de ce texte les jours impairs de Juin & juillet 2005)

3

— Vous êtes capable de montrer une réelle brutalité quand on n’obéit pas à vos ordres.
— N’insistez pas…
— Je sais de quoi je parle.
— Ce n’est pas ordinaire.
— Manifestement.
— Monter des mots autour d’une idée, assembler des phrases en sorte qu’elles tiennent par la seule force de l’agencement. Qu’en dites-vous ? … Rien ? Comme d’habitude vous vous réfugez dans une forme de passivité qui confine à l’abrutissement.
— Parler, parler, continuez à vous engorger de mots, ils vous vident à mesure qu’ils emplissent votre bouche.
— Et alors ? C’est vain de parler ! Non ?
— Alors taisez-vous.
— Pourquoi vous venez me retrouver chaque nuit ?
— J’espère assister à votre mort en direct.
— Vous n’apportez plus votre appareil photo.
— “La photographie n’a jamais fixé que des moments morts.” Je vous cite…
— Ils sont légions ceux qui déballent les mêmes confusions répétées de bouche en bouche comme si chacun parlait d’une voix unique.
— Que mettez-vous à la fin de voi ?
— C’est ça.
— Luc.
— Oui.
— Rien. J’ai juste envie de prononcer votre nom.

Plus tard ou un autre jour.

— Vous fermez les yeux pourtant je sais que vous ne dormez pas… Ne bougez surtout pas. Quand vous êtes étendu vous me semblez complètement dépendant. Cette sorte d’immobilité…J’ai… J’ai envie de vous voir mort, mais le pourrais-je ? Vous m’entendez ?… Oui vous aviez raison, je me méprends sur vous, c’est d’ailleurs pour…
— Continuez.
— Je vous avais demandé de ne pas soulever les paupières.
— Que vouliez vous dire à l’instant.
— Je ne sais plus… Attendez.
— …
— Sortons.
— Non.
— Vous craignez que l’on vous rencontre avec moi.
— Là où je dois aller ce matin, je n’ai rien à faire avec vous.
— Au cimetière ?… Répondez !
— Sortez de cette chambre.

Le lendemain

— Je dois désormais me méfier de vos agissements !
— Ne hurlez pas de la sorte.
— C’est ça, prenez votre ton de dame bien sous tout rapport. Comment avez-vous rassemblé ces articles ?
— …
— Répondez.
— Lâchez-moi, vous me faites mal.
— Doucement… Tant que vous n’aurez pas recouvrer votre calme, je ne vous répondrai pas… Tournez vous…
— Retirez votre main.
— Je ne… J’ai demandé à un ami journaliste de m’établir un dossier de presse sur l’accident.
— Pourquoi, pourquoi ?
— Je ne supporte vos silences sur…
— Mais qui êtes-vous ?
— Pardonnez-moi.
— Et vous avez laissé en évidence ce dossier sur le guéridon pour qu’il n’échappe pas à mon regard.

Peu après

— Vous allez partir, comme la dernière fois ?
— Oui.
— Je n’aurais plus que le répondeur, alors… Je téléphone chez vous et j’entends votre voix débiter le message mécaniquement.
— C’est pour ça que le compteur indique parfois plusieurs appels, mais rien sur la bande.
— Combien de jours, allez-vous m’abandonner ?
— Je dois me rendre dans le Sud-Ouest. Je suis obligé…
— Vous êtes déjà parti, Luc

Le lendemain

— Allô, Amalia, c’est…
— Tiens, vous existez encore ! J’entends de la musique.
— C’est le poste. Comment allez-vous ?
— Mal. Pourquoi vous m’appelez ?
— Je pars dans quelques minutes, je voulais vous entendre avant de quitter, Paris.
— Je voulais vous dire, heu…,J’ai recommencé à vous écrire. Je
— Vous aviez promis, Amalia.
— A mon âge, on n’a plus peur de ne pas tenir ses promesses. Vous verrez…
— Je vous ai trouvée mieux, hier.
— Les hommes sont toujours dupes, Assomption m’avait maquillée…Où partez-vous, déjà ? Ah oui , dans le Sud-Ouest ! Vous m’écrirez ?
— Je reviendrai avant mes lettres. Je peux faire quelque chose pour vous, Amalia ?
— Oui, partez !

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