L’OMBRE INTERNE (II.3)
(Publication de ce texte les jours impairs de Juin & juillet 2005)
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— Luc, dites-moi…, que faites-vous le soir quand vous n’êtes pas à l’Hôpital ?
— Je traîne…
— J’aimerais avoir le loisir de me promener sans ménager mes forces. Ceux qui n’ont jamais été plus de quinze jours dans un lit ne peuvent savoir ce que l’on peut endurer… Vous traînez…
— Pourquoi vous me fixez ?
— Je pense… Vous vous souvenez quand dans ma chambre vous veniez me réchauffer dans mon lit.
— Ne me demandez pas ça ! Autrement vous ne me verriez plus !
— Du calme, du calme, Luc. Pas la peine de vous mettre dans cet état.
— Vous vous obstinez à parler, chaque fois que je viens vous voir. Les conversations sont aussi faites de silences…
— …
— Non ?
— …
— Mes mots vous ont paralysé, Amalia…
— Je confectionne du silence, en direct.