Au Cinéma 2 (Théâtre)

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AU CINEMA 2 (Théâtre)

Temps.

HARTMANN — Vous voyez-là, au fond…, c’est le hangar d’une usine désaffectée. Par cette porte les trains s’engouffraient autrefois.

VASSART — Qu’est-ce qui vous prend ?

HARTMANN — Vous n’avez pas connu cette usine ? Aujourd’hui, c’est un lieu totalement déserté…, et en pleine ville. Comme un trou dans une extrême densité. Un nouveau phénomène physique. Ce serait l’endroit propice pour m’abattre…

VASSART — Parfaitement ! Et en plus, il faudrait un certain temps avant de vous retrouver.

HARTMANN — Vous croyez ?

VASSART — Cessez de jouer !

HARTMANN — Vous devez penser que je pourrais vous reconnaître dans la rue…, que je pourrais crier en vous apercevant avec cette mèche blanche qui barre votre front. C’est ça, non ? Temps. Quel âge avez-vous aujourd’hui ?

VASSART — Quoi ? Ne posez pas de questions !

HARTMANN — Votre âge me semble…

VASSART — Il y a longtemps que je ne compte plus.

HARTMANN — La cinquantaine frappée…, en retard…, résiduelle ?…

VASSART — Pourquoi ce besoin de compter, de savoir, de mettre du sens partout.

HARTMANN — « De mettre du sens partout » avez-vous dit… Je n’ai jamais envisagé les choses de cette façon. Temps. Vous ne voulez pas me parler de la femme que vous venez d’abattre ?

VASSART — Oui, je peux vous en parler puisque je ne la connais pas.

HARTMANN — Vous répondez…

Temps

VASSART, perdant soudainement toute énergie.— J’ai très sommeil…, tout d’un coup…

HARTMANN — Alors, laissez-moi partir, maintenant.

VASSART — Non…

HARTMANN — Je n’ai plus rien à faire avec vous, nous sommes dans une situation ridicule.

VASSART — NON !

HARTMANN — Ne criez pas ! Je dois continuer. Vous allez vous fondre dans la ville, disparaître… Je ne dirai rien, j’inventerai une histoire, je retournerai au cinéma pour leur dire que vous m’avez laissé tomber en cours de route… Ils vous chercheront au Sud alors que vous marcherez ailleurs. Je jouerai la comédie de la peur, de l’otage. Je sais le faire, ça.

VASSART — Non, vous restez avec moi

HARTMANN — A quoi bon ? Soyez raisonnable, quand le jour se lèvera ils repéreront mon véhicule…, tous les riverains nous ont vus…., ont noté le numéro de ma voiture quand nous avons filé.
VASSART — Que cherchez-vous au juste ?…

HARTMANN — A me tirer ! Demain, je commence à huit heures.

VASSART — Où travaillez-vous ?

HARTMANN — Allons-bon ! Dans une banque. En quoi ça peut vous intéresser !

VASSART — Au guichet… ?

HARTMANN — Pourquoi, vous comptez faire un casse ? Je m’occupe du contentieux… de ce qui reste…, je fais des rappels, je lance des avertissements. Je suis payé pour faire peur à ceux qui refusent d’acquitter leur du.

VASSART — Vous gagnez beaucoup d’argent, alors ?

HARTMANN — Je ne suis pas payé au dossier, autrement…

VASSART — Vous dites que vous êtes payé pour faire peur, ce soir c’est vous qui avez peur.

HARTMANN — Ça vous travaille, la peur ! J’ai même pas eu peur. Vraiment. J’ai joué en inventant une solution banale de fuite… C’était pour échapper aux regards qui nous entouraient quand vous pointiez votre arme sur moi… Autrefois, j’ai eu peur…

VASSART — C’était moi qu’ils regardaient, pas vous… Vous ne pouviez pas les voir puisqu’ils se tenaient sur les immeubles, derrière vous.

HARTMANN — Mais vos yeux reflétaient leurs regards.

VASSART — Ils n’ont rien dit…

HARTMANN — Oui, ils se retenaient de crier… Me voir abattre comme la caissière. Temps. Laissez moi partir maintenant, vous n’avez plus besoin de moi.

VASSART — Je ne peux pas…

HARTMANN — Nous sommes loin du cinéma…

VASSART, ferme — Nous retournons à la voiture.

HARTMANN — Il n’en est pas question !

VASSART, pointant l’arme vers lui — Vous resterez avec moi jusqu’à ce que je prenne une décision.

HARTMANN — Une décision…

VASSART — Ne me regardez pas comme ça !

HARTMANN — Qu’est-ce qui vous prend ? Temps, puis désignant l’arme. Eloignez çà !

VASSART — Ne me dites plus ce que je dois faire Temps… J’ai très sommeil…, j’ai besoin de beaucoup de sommeil pour tenir debout chaque jour.

HARTMANN, bas — Laissez-moi partir !

Il avance un peu, Vassart le rejoint.

VASSART — Non, arrêtez ! L’empoigne. Suivez-moi !

HARTMANN — Vous me faites mal !

VASSART — Taisez vous ! Ne tentez rien, je vous le conseille.

Noir.

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