Jean-Pierre Ostende, Bienvenue à la maison, Welcome home

« Il habite non loin du port, non loin de la Tour Solitude et la nuit, pour lui rappeler son enfance, il ne lui reste que les oiseaux de mer qui pleurent et raillent dans le ciel et encore pas toutes les nuits. Peut-être exagère-t-il ? Oublie-t-il la circulation automobile ? Et les cris des êtres humains ivres et bagarreurs ou hilares la nuit les oublie-t-il ? Est-il comme ces chiens qui veulent toujours attirer l’attention et se faire caresser ? Sa seule amie fidèle et sûre est-elle la plainte ? Peut-être que non.
S’il retrouve de vieilles photos, il ne peut s’empêcher de les commenter. Quand il agit ainsi, il sait qu’il a quelque chose de William G. Sebald qui aurait probablement aimé construire un site et mêler textes et photographies et commenter à travers les sujets.
« Sans doute sont-ce des souvenirs enfouis qui confèrent un caractère singulièrement hyperréaliste à ce que nous voyons en rêve. Mais peut-être aussi que c’est autre chose, une sorte de brume, de voile à travers lequel, paradoxalement, tout nous apparaît plus nettement en rêve. » (Les anneaux de saturne, Sebald)
Combien de fois il aurait aimé être désabusé, sombre et riche et voyager comme Sebald dans la campagne italienne ou anglaise, imprégné d’un chagrin indicible et descendre dans de bons hôtels, visiter des villes riantes pour en chercher l’ombre, prendre sans cesse et à la moindre contrariété le train qui vous berce et vous dorlote à travers la campagne.
« Le souvenir, ajoutait-il dans un post-scriptum, m’apparaît souvent comme une forme de bêtise. » (Les émigrants, Sebald)
La science-fiction ne l’intéresse plus. Il y croyait, il n’y croit plus. Cela aussi, il a fallu l’abandonner.
Ô comme ça libère !
Quand on n’attend rien, on est bien moins déçu.
Mais la déception a beaucoup de charme.
Qu’est-ce qu’un charmeur sans déception ? »


(…)
« « Orwell nous avertit du risque que nous avons d’être écrasés par une force oppressive externe. (…) Huxley sait que les gens en viendront à aimer leur oppression, à adorer les technologies qui détruisent leur capacité de penser. Orwell craignait ceux qui interdisaient les livres. Huxley redoutait qu’il n’y ait même plus besoin d’interdire les livres car plus personne n’aurait envie d’en lire. Orwell craignait ceux qui nous priveraient de l’information. Huxley redoutait qu’on ne nous en abreuve au point que nous en soyons réduits à la passivité et à l’égoïsme. » »

(…)

Histoire sauvage de Jean-Pierre Ostende

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