Gustave FLAUBERT(1821-1880), une apparition

« Il me monte de la merde dans la bouche. J’en veux faire une pâte dont je barbouillerai le XIXème siècle », écrit Flaubert à son ami Louis Bouilhet en 1855, un an avant la publication de « Madame Bovary », sans même en imaginer les effets : Procès, succès, et grandes mondanités.

Alors quoi, il en aurait profité, lui qui avait en tête un plan (littérairement) terroriste ?

Il en aurait profité, oui, aurait flirté avec la princesse Mathilde, cousine du très raillé Napoléon III, aurait dansé aux Tuileries et accepté sa Légion d’honneur, lui qui fanfaronnait quelques temps auparavant, fier de son aphorisme : « Le grade dégrade« . Il s’arrangeait, en fait, en quête tardive d’une reconnaissance littéraire, lui qui fut si blessé de connaître le succès par ses deux premières oeuvres, puis plus rien. Et c’est autour de ce « rien », de ce vide qui grandit, de ces passions inactives et grises qu’il continuât à écrire, L’Éducation Sentimentale (parution en novembre 1869) notamment, toujours plus incompris.

Il est né ici. Il a vécu dans cet univers hospitalier, une grande partie de sa vie, c’est-à-dire toute sa jeunesse jusqu’à l’âge de 25 ans. Il a joué dans ce jardin avec sa sœur Caroline et il raconte notamment que, quand il grimpait le long du mur que vous voyez là, et bien qu’il voyait son père en train de pratiquer des dissections d’anatomie. Cela donne un peu une idée de l’univers médical et hospitalier auquel Flaubert a été confronté. Arlette Dubois, conservatrice au musée Flaubert de Rouen

Mais des 4 000 lettres qui composent sa correspondance, il émane aussi d’autres mystères : un jeune homme métamorphosé par l’année 46 (Tout tombe autour de moi), une sexualité colorée (Départ de Rouen noyée de foutre, de larmes, de cheveux et de champagne)..(Manière féroce dont elle se déshabillait, jetant tout à bas)… (amour si violent qu’il tourne au sadisme – plaisir du supplice), et des airs de Cassandre (Nous allons entrer dans une ère stupide. On sera utilitaire, militaire, américain et catholique).

Intervenants

Un documentaire de Sophie Bober réalisé par Lionel Quantin. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d’Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Nouvelle page web, Sylvia Favre.

Bibliographie

J’ai grandi au milieu de toutes les misères humaines dont un mur me séparait. Tout enfant, j’ai joué dans un amphithéâtre. Voilà pourquoi, peut-être, j’ai les allures à la fois funèbres et cyniques. Je n’aime point la vie. Gustave Flaubert dans une lettre qu’il écrit en 1857, l’année de la publication de Madame Bovary

Pour aller plus loin

Rediffusion du 29.11.2007. Cette émission, consacrée à la vie de l’écrivain Gustave Flaubert, a été enregistrée à l’occasion de la parution du dernier tome de ses correspondances dans la collection La Pléiade aux éditions Gallimard.

À l’occasion de Flaubert 21, qui marque le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert, France Culture propose une programmation spéciale pour découvrir ou redécouvrir son œuvre mais aussi aborder l’héritage laissé par cet immense écrivain.

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