Jean-Pierre Ostende, Ma porte sur le temps

« Est-ce que c’est une porte suffisamment bien placée pour gagner sans difficulté la zone hors du temps ?
Cette porte est un organe que tu possèdes en supplément des autres, un organe en forme de porte que tu peux utiliser partout, oui, partout, même dans les zones sombres, peu accessibles et en apparence inaccueillantes. Il te suffit de te recueillir.
Je suis un scénario français sur plusieurs générations et je vis parmi des millions d’histoires.
Deux anciens amis ont quitté l’université pour partir vers une nouvelle vie. Ils ont quitté leur poste de contrôleur du Zeitgeist (l’esprit du temps). Que dit-on du Zeitgeist contrôlé? Surveillance de tout ce qui fait l’esprit d’une époque, le meilleur et le pire. Par exemple la théorie du complot, le mensonge des institutions, le contrôle du monde et de soi, la vitesse, la dépression (remplaçant l’hystérie), les addictions, etc.
Contrairement à l’idée reçue, ces deux contrôleurs de Zeitgeist n’agissaient pas en chasseurs de tendances (cool hunters) à la recherche de tout ce qui pouvait être l’avenir dans la musique, la mode, l’architecture, la littérature, le cinéma, la spiritualité, les religions, les sectes, les drogues… des chasseurs de tendances de l’esprit dominant dans la population pour le compte de la municipalité (quelle idée !) – bien que Madame la Maire n’ait jamais caché son attirance pour le Zeitgeist et les cools hunters spirituels, elle a toujours nié les liens entre son cabinet et eux.
(…)
Ils ont quitté la ville pensant que la vie les attendait ailleurs et que c’était ailleurs qu’ils pourraient créer leur légende, espérant bien rêvasser un jour, les yeux mi-clos, même s’ils savaient que la plupart des gens qui s’en vont ne reviennent pas dans la ville – un peu plus monstrueuse aux yeux de ceux qui l’ont quitté juste un jour ou deux – un peu plus bruyante, désordonnée, sale, ignorant totalement la tempérance, imprévisible, cyclothymique, alternant douceur et violence, surtout pour les gens qui ont vieilli et arrivent moins à supporter sa ferveur et sa mollesse, son agitation et son enlisement.
« Comme tout marche mal dans cette ville », voilà ce que l’on entendait si souvent, aussi souvent que : « Ici on ne termine rien ». Même les gens qui venaient de pays dévastés disaient ça et se plaignaient. »

Histoire sauvage de Jean-Pierre Ostende

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