La dérive en bus de nuit par Jean-Pierre Ostende

« Depuis ce très long périple de jeunesse aux Etats-Unis, en bus Greyhound, c’est toujours avec un certain étonnement, dans un état d’esprit assez enfantin, que je me suis intéressé au laisser aller en bus de nuit.

Maintenant, dans notre ville, une des dernières modes spirituelles mobiles consiste à monter dans un bus et à descendre, après quatre ou cinq stations, selon l’humeur (important l’humeur), pour emprunter un autre bus, au hasard, changer de parcours sans se soucier d’une destination.

Je ne le pratique pas mais cela me fait envie.

Depuis le XXème siècle nous n’avons pas encore déterminé avec exactitude les conséquences psychologiques des trajets en bus sur nos esprits, quelle modification du cerveau cela entraîne, au fil du temps, mais nous savons que n’importe quel autobus est un moyen pour penser et se déplacer. C’est mondial.

Toute personne qui, un jour, est monté dans un bus le sait. C’est aussi universel que le mouvement. Cela existe sur tous les continents.

La dérive en bus de nuit est simple : monter dans n’importe quel véhicule et descendre à n’importe quel arrêt, pour en prendre un autre et ainsi de suite, pendant des heures, jusqu’à ce que l’on soit calmé.

Changer de bus est une façon discrète et adroite de se changer les idées.

C’est un sport complet. C’est devenu une mode, en ville.

Et comme tout jeu c’est aussi effrayant.

Très peu de gens l’avouent, et encore moins s’en vantent, mais vous n’ignorez pas que les bus la nuit sont remplis de gens qui pratiquent la dérive en bus, pour calmer leurs émotions par exemple. Quand leur cœur bat trop vite, quand elles se sentent trop chaudes, certaines personnes utilisent les transports en bus comme du stop émotion. »

(…)

Histoire sauvage de Jean-Pierre Ostende

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