L’ombre interne II.2 (Théâtre)

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L’OMBRE INTERNE (II.2)
(Publication de ce texte les jours impairs de Juin & juillet 2005)

2

— …lier. Lierai. Lire. Lisant. En lisant. Ils sont écrits à la suite, par vagues et tiennent au centre de la page de sorte qu’une marée de blanc avance et recule selon la longueur des mots…
— Vous avez rempli comme ça des cahiers entiers.
— Aucun n’est fini. Ce serait trop dangereux de savoir que je vais buter sur le dos d’une page.
— Toute cette armoire…
— Et ceux qui ont disparu dans les déménagements successifs. Et ceux des Accates…
— Vous me disiez l’autre fois que vous avez vécu ici depuis toujours…Vous me confiez un cahier ?
— Non, ils ne sortent pas d’ici.
— Je n’ai jamais compris ce que vous attendiez de moi.
— Venez plus tôt dans l’après-midi, et vous pourrez lire ce que vous voulez. Quel est heure est-il ?
— 15h47.
— C’est une montre à affichage numérique. Non… Déjà, le milieu de l’après-midi. Alors que pensez-vous de ma proposition ?
— Laquelle ?

Plus tard

— Vous dévorez mes cahiers et vous refusez de lire les lettres que je vous adresse…
— Ecoutez ça : “Il marchait avec ce pas leste des danseurs. Et je la désirais.”
— C’est une citation.
— Et ça : “ Depuis sa mort elle lui était apparue en rêve : son corps dévasté flottant dans la robe brune avec laquelle on l’avait enterrée, exhalait une odeur de cire et de bois de rose ; son souffle que muette et pleine de reproche elle exhalait vers lui, fleurait faiblement les cendres mouillées.”
— “Ulysse.”… Le début…
— “Cahiers de copies”.
— 96 pages chacun, vous tenez le vingt troisième en main…
— Pour que les lectures ne soient pas vaines.
— Où sont les livres ?
— Je n’en ai jamais gardé. Trop menaçant la présence d’un livre. Dès que j’en finis un, je m’en sépare. Restent ces morceaux dans les cahiers. Vous lisez, Luc ?
— Autant que je peux.
— “Autant que je peux”, drôle d’expression… Associer du nombre aux disponibilités. Ça n’existe pas du “autant que je peux” ! Non.
— Quelques heures dans l’après-midi, avant de prendre mon service, ou bien le matin quand je n’arrive pas à trouver le sommeil… Le téléphone, Amalia.
— Laissez sonner…

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