Selon 8 (Théâtre)

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SELON 8 Théâtre

La scène serait recouverte d’une lumière fantomatique au travers de laquelle Sam échapperait à la distinction. Il tiendrait en main les feuillets de son Journal, texte — toujours en cours — et qui à mesure que le temps passera, seront dispersés sur le plateau.
Tantôt il lira son Journal, tantôt il écoutera une voix en lui, (voix « off ») tantôt il s’adressera à une personne peut-être imaginaire… (Adressées)

SELON, textes 1 à 7 du 25 au 31 mars 2005

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Lecture du Journal
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Adressées
Mais le peuvent-ils ? Dites-moi, un peu ! Non ? Vous ne voulez pas me répondre ? Bien…

Lecture du Journal
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Adressées
C’est ça ce que vous nommez avant que tous les noms disparaissent ?

Lecture du Journal
Ils étaient deux. Sans nom. Juste avec des nombres. Des parcours à effectuer mais sans programme. Au travers de sillons japonais, peut-être ? L’un portait un rouleau de peau, l’autre un sac de jute. Des papiers étaient tirés du sac, cinq mots sur chacun. Et aussitôt, les mots étaient inscrits sur le rouleau de sorte que se construisait une histoire éclatée à mesure que le hasard ordonnait la matière verbale. Les jours, les nuits avaient disparu car tout était confondu. Ils traversaient le Territoire sous un éclairage unique d’où ne sortaient que les sons agençaient, les bruits des pas sur le gravier et la terre. Avance, avance encore bien au-delà, même si tu ne peux dire où les pas de conduisent. Le programme imaginaire est à respecter. Qui en est le maître, l’ordonnateur, la monnaie d’échange ? Vous ne saurez jamais. En revanche des mots sortaient du sac, cinq chaque jour, et en même temps, d’autres étaient annulés par le Livre. Oui, c’est le Livre qui recueillait la liste des mots désormais interdits. Imprononçables. Pourtant, le jeu consistait à en verbaliser pour savoir, pour découvrir lesquels encore étaient permis, lesquels encore se donner à tue-tête. Tuer la tête immonde d’où sortirait l’idée même d’un mot. Mais qu’est-ce à dire ? Vous voulez que ça se combine ? Moi aussi ! Le rouleau s’agrandissait à mesure que les mots étaient expulsés du sac. Une Thora de circonstance fondée dans une langue unique, celle des voyageurs.

Voix « off »
Allons, allons, place ! Laissez entrer, venir, tourner. Verbes en délire. Ils suffit de quelques-uns pour mettre du sens. Imaginez un texte entier sans verbe : actions, désirs, postures, sentiments, toute la ribambelle au magasin des accessoires. “Ne faites pas de psychologie”, qu’ils me disent ! Dieu non ! Parlez plutôt de l’intérieur, de débat avec l’intérieur, de cette zone d’ombre. C’est mieux ! Ceux qui s’entourent de toute la théorie possible c’est pour mieux se mettre à distance. Pourquoi ne pas se faire l’ordonnateur de son propre désordre ? Commode de s’appuyer sur des béquilles.

Adressées
Sylvia, Sylvia, réponds-moi, je t’en prie. Je sais que tu es là, juste derrière cette porte. J’entends ton souffle traverser les nervures du bois et me frôler le visage. Ils nous regardent tous en ce moment, veulent voir comment ça fait quand on claque. Tout oublié ! Tu sais, il suffit de parfois d’une parole pour qu’on se dise “allez, je continue”. Tu saurais la trouver, cette parole ? Dis un peu ! Non ? Je sais que tu m’entends. Sylvia ! C’est toujours comme ça : on appelle, se retourne pour voir si personne ne vient, tout en étant sûr que nul autre que nous se tient devant cette porte. Tu vas m’ouvrir, maintenant ! Tiens, une odeur de flétrissure, de corps en mouvement… Arrêtez le temps, arrêtez-le. Oui, vous là-bas, non pas vous l’autre derrière. Ne faites pas cette tête, enfin ! Vous avez les yeux de celui qui se demande pourquoi il a été choisi. Vous le savez vous ? Comment choisit-on quand on aime ? Un express, un ! Bar délié. Annonciation. Les membres se sont retrouvés pour le dîner annuel. Lésion. Liaison ? Non Lésion. Quarante et unième et quarante cinquième vertèbre. Entre deux : plateaux. Tenir, se soutenir par empilement de plateaux. Un corps-barmaid. C’est d’eux que vient le plateau. Ouais ! Allons, allons… Panne généralisée.

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