Du Goût au Texte.

« Roland Barthes était un amateur de Textes comme un amateur de tables ».De l’une à l’autre, il n’a cessé de nous livrer des indices en comparant chaque fois l’appréciation d’un mets savamment composé, multiplié, éclaté aux parties d’un Texte. Ce « démon analogique » entrait d’ailleurs dans l’appréciation des matières. S’il eut besoin de paradigmes culinaires pour attester son goût du Texte, ce fut moins par défaut de symbolisation que par l’ambition de désanclaver le dicours sur le Texte de son champ sémantique habituel. Posture éminemment barthésienne qui relègue la sience au profit de l’emprunt inédit ; geste de l’amateur qui se veut spécialiste de rien, lui en l’occurence qui conféra aux riens, la possibilité de parler des objets les moins évoqués. Et, quand on occupe si peu la place de la science, tout en s’entourant de la plus grande rigueur du discours scientifique, on constitue sur le texte une parole étrange car directement issue de cette atopie socratique qui fait de la place un lieu de passage…

De la science, RB retient ses formes et son temps offert au goûteur anonyme, celui par qui la voix de la science devient intransitive. Ce transfert du goût au Texte est là pour désigner une échelle de degrés (cet « échelonement ») de phénomènes. Ne sommes nous pas en présence d’un temps de l’assimilation comme d’un temps de lecture qui dépendent (ensemble) du regard porté par l’amateur, de cette ombre présente/absente dans l’élaboration d’un texte. Ce lecteur, ce goûteur continûment fantasmé dans l’acte d’écriture.
« La bathmologie , ce serait le champ des discours soumis à un jeu de degrés. Certains langages sont comme le champagne : ils développent une signification postérieure à leur première écoute, et c’est dans ce recul du sens que naît la littérature. »

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