ENTRE (fragments)

Je passe ce dernier matin de l’année à exhumer des notes, de vieilles traces parcellaires, des morceaux impossibles à tenir qui signalent mon désordre majeur. Pourtant , je parviens à tirer de ces dossiers des restes qui tiennent le coup et m’encouragent à poursuivre. (et cela même si de sottes naïvetés voisinent avec des textes motivés).

Ecrire quelques notes en regardant à droite puis à gauche, tout près de cette lampe.
Et chaque fois je me demande comment tenir ce regard jusqu’à la fin.

Sortir de ma poche un crayon ras, une vieille épingle et un morceau de papier froissé.
Voir à travers une fenêtre sale .
Attendre la lumière et parler de cette image encadrée.

Il révèle en parlant un caractère inaccompli qui me séduit assez pour m’inviter à poser des questions. Mais devant le flot des demandes il se tait, se retourne vers un mot que je n’attendais pas et me plante là.

Le carnet est posé sur une étoffe moirée.

Hier, je me suis amusé à compter de la fin jusqu’au début, mais très vite je me suis interrompu pour manger une coupe de fraise.

Elle marchait avec ce pas soulevé des danseuses
Leste
Et je la désirais.

Nuit noire.
Fond.
Eaux troubles.
Conscience de l’à peu près.
Le corps atteint de l’intérieur.

“Il marque quelques pas mais ne revient jamais à la même place.”
C’est probablement ça l’horreur : ne pas tenir en place et en même temps, ne pas supporter le lieu où l’on se trouve.

Il confine des restes de savoirs à l’habitude et ne suggère aucune solution à ceux qui voudraient y souscrire.

Payer de sa personne : en parlant, en s’exposant, en marchant, là, juste devant soi.

Le vice de l’écriture, c’est de réduire cette pratique à l’image qu’elle propage ; s’il n’y avait que l’imaginaire dans l’acte d’écrire, on ne pourrait plus porter un regard vers les conditions de sa formation. Il resterait la forme, pure et sans atours.
(Au fond, c’est ce que je réclame.)

Quelle est cette enfant qui appelle son père : « Mapa » ?

Il y aurait une histoire à écrire tous les jours.
Il y aurait des dialogues à inventer pour celui qui n’écrivait pas : Socrate, peut-être.
Il y aurait à accomplir un ultime renoncement afin de différer le moment de répondre .
Il y aurait cette langue pâle, sotte, un peu lasse, marbrée de stéréotypes et puis l’ambition tout aussi vaine : inventer des mots nouveaux pour élaborer un autre dictionnaire.

La lumière fuit devant moi, je ne fais aucun effort pour la rattraper. Et à côté de moi, une jeune femme répète : “Je veux rentrer dans l’image, je veux rentrer dans l’image.”
Au fond, alors ?

Je suis couché dans le mauvais trou.
Selon l’orientation, la couleur de l’encre séchée paraît bistre.

Quand il lit, il attend toujours le moment de l’interruption, celui qui va le confronter avec le temps ENTRE, (ce temps blotti entre lecture et écriture). Et en lui, ces deux activités sont si intimement liées qu’il ne peut évoquer l’une sans l’autre.
Faces d’une même feuille.

Il aime interrompre la lecture d’un livre qui le prend (expression heureuse qui renvoie chaque fois à la démesure des nuits d’amour), et écrire quelques lignes sur un cahier ou sur une feuille qu’il va égarer peu après.
Il me dit : “Je ne puis entendre écriture et lecture que différées : c’est la condition du plaisir qui entraîne et modifie l’essentialité de mon corps. Acte double en un.”
Je m’endors alors qu’il continue à parler.

Sujet et Valeur.
Nietzsche et le Fragment.
La critique , les critiques.
Circonstances?

Calme du matin.
Le temps est retenu par une fraîcheur douce.
Je reprends là où j’ai arrêté La courte lettre pour un long adieu : Descriptions organisées, voyages, déambulations Wendersiennes… Alice dans les villes au tournant de cette page.
J’aime dans ce livre l’idée de rapporter la lecture d’un ouvrage sans savoir s’il existe vraiment. (Est-ce si important d’apprendre que ce qu’on lit, existe ?)
Quand on découvre une histoire, ces questions arrêtent, n’informent sur rien sinon sur la constatation de placer le texte sur le plan de la vérité.
En lisant, je prends quelques notes, souligne des passages (“la sérénité de tout ce qui nous entourait me gagnait moi aussi.”) et tente, sans grand succès d’ailleurs, de retenir des morceaux de textes qui, très vite, s’enfuient entre la page et mes yeux.
(On ne parle jamais assez de ce qui se trame dans cette figure triangulaire : la page, le regard et l’autre, là, tout près.)

Il est juif et rentre dans une église pour se confesser.

Je me retiens de parler, je m’avance de moins en moins au devant des discours entendus.
Plus que tout, j’aime la figure de l’effacement.
On attente à l’ordre du monde lorsque l’on peut reculer le moment de parler.

6h33 : quelle signification induit-on par la notation d’un horaire d’écriture?
La littérature du côté du Procès-verbal ? (déjà dit)
Ecrire sous le couvert d’une date et d’un temps déjà modifié avant même que l’on trace ce mot.

“On a besoin de jeter un texte pour continuer à écrire.”
C’est une citation ?

(Pourquoi ?) Quand le point d’interrogation est loin de la question proprement dite j’ai quelque peine à le tracer en bout de phrase. Oui, pourquoi ?

Dégager un film, le considérer comme un objet inconciliable, se surprendre — durant le temps de la projection — en train de le mépriser. (Interroger toute la relation de l’art à l’amateur suivant une philosophie du mépris.)
Une voix lutte en moi contre l’idée de tenir l’œuvre à distance, pourtant il m’arrive de coller à l’image d’un film.
(Un peu plus tard, dans la nuit, une autre voix , plus intellective celle là, condamne l’identification dernière, celle par où l’on s’abîme, comme un papillon brûle ses ailes à la chaleur d’une lampe.)

Quelquefois, il m’arrive de me rendre au cinéma un peu fatigué, le corps lourd, pour voir un film que je m’apprête à mépriser en espérant, tout de même, vivre une surprise, un bonheur.
Me faire surprendre. Mais chaque fois, c’est la même déconvenue qui signe ma sortie.

Rêver, rêver à ce texte splendide de RB, En sortant du cinéma.

Compulsion à la répétition : ouvrir des cahiers, un ou plusieurs chaque jour.

Stabilisations
Préceptes
Immobilités de facture.
Les mots s’atteignent par pur alignement, des mots sans origine, sans lieu, comme des ordres annoncés.

Il retrouve un appareil photo armé d’une pellicule et la fait développer pour découvrir des images inconnues. De lui ?

“J’aime plus le discours sur la littérature que la littérature elle-même.”
(Il redoute cette affirmation et foule du pied le bout de carton sur lequel il a écrit cette phrase.)

Considérer la catégorie de l’inactuel comme une éthique à réviser continûment.

En exergue d’un article de la revue Traverse 23 :

 » Le hasard me fatigue  »
Dieu

Sentir que ça ne tient pas, qu’on est avec un titre comme avec une mauvaise personne.

D’un texte, on peut conserver quelques impressions de lecture, le coup d’un emballement sans forcément être en mesure d’en restituer des morceaux pour dire à qui demande : “J’en parle.”

Parler sur commande, c’est le lot de la situation interlocutoire. Quand au moins deux conversent, je surprends chaque fois cette poisse intersubjective où la panne est perçue comme l’aveu d’une impuissance.

Depuis ce matin je recueille mes urines en vue d’une analyse biologique et le volume récolté dans ces premières heures m’impressionne. “Ce qui nous prouve qu’on a un intérieur, ce sont nos déchets.” a susurré, impavide, un certain Docteur…

Garder la terre avec ses membres.

Ecrire une seule ligne, une seule, et la pousser jusqu’au bout.

A présent, il ne peut rien produire, rien engager sans forcer sa volonté, cette violence est si pure, si droite dans son armature qu’elle exprime, malgré lui, sa faiblesse extrême.

Autour de moi, il n’y a plus que O qui parvienne à éveiller en moi quelques présomptions favorables : cela tient probablement à son tour d’esprit, à cette méfiance constitutionnelle qui dégage du doute, (comme un flacon dégage un parfum), et ce doute se transforme en une loi, elle-même incertaine.

Il y a dans le doute, l’annonce forcée d’un désir chaque fois relancé.
C’est probablement ça la beauté : regarder sans être sûr de voir et disputer ce regard aux autres pour rendre instable toute idée de représentation.

Certains artistes ont accroché sur nos murs des peintures qui s’enfoncent dans nos yeux de telle sorte qu’elles traversent notre sexe, nos lois.
Si jamais, un jour, j’apprends à regarder un tableau, j’écrirai à Julie ce que j’ai vu… Je lui laisserai au moins ça.

Discret. Actif. Vorace. Combien M F me manque.
Il occupait une place que personne ne tiendra plus. Après-coup, j’ai ressenti sa mort comme un nouveau danger.
(Je vais me suivre, m’atteindre afin de me permettre une autre idée le concernant.)

— Frappante, l’insistance à vouloir laisser une trace avec l’idée explosive qu’elle restera : pure illusion, non ?

— Platon, Shakespeare, Flaubert n’ont laissé que des restes, et on les absorbe avec la ferme conscience que ce sont des ensembles ; ils ont produit leur vie durant pour nous transmettre des odeurs de sens, des lignes en morceaux.

— Mais tous ces multiples bouts indéfiniment reliés, où sont-ils ? Qu’en faites-vous ?

— Ils sont absents.

— “Ils sont absents”, dites-vous ?

— Oui, car ceux-là n’ont fait que transcrire la prodigieuse agitation d’une vie signalée par ces morceaux d’existence qu’on commente et révulse ; aujourd’hui si ces écrivains ont conservé quelque importance à nos yeux, c’est par la conscience d’une absolue habilitation de la mort. Aussi, quand on tient leur expérience pour un exemple, on se berne…
C’était leur affaire.

Il y a tant de déchets dans l’histoire du texte publié, tant et tant, qu’on se prend à penser que toute cette accumulation ne procède d’aucune finalité, d’aucun spécialisme, mais plutôt d’un projet sensible, telle une plaque photographique qui assembleraient les parties d’une représentation, mais sans échelle de valeur.

Il persiste dans l’idée que l’accomplissement d’un objectif est soumis à la contrainte d’un travail régulier, renvoyé de jour en jour afin de toucher le fond de la demande.

“L’écriture lasse”. Rédiger un article avec ce titre là.

Le Mistral tourne dans les rues depuis le lever du jour et révèle à la ville ses poussières endormies, ses détritus cachés.

J’ai dans la tête bien des façons de me comporter, je sais aussi que je suis capable d’inventer mille petites solutions de remplacement, mais ces idées me lâchent très vite.

Je m’habitue à peine à des lieux, à des personnes, à des objets que déjà, l’envie d’en rencontrer d’autres, d’en tenir de nouveaux me saisit. Pourtant, je sais qu’il est possible de simplifier l’existence jusqu’à la rendre immobile.
Mais je le sais, seulement.

Loin derrière, comme isolée dans le fond, elle se retourne et me défie.

Accueillir de nouvelles sensations, me soumettre à des ordres inédits, changer de lit et de parure. Encore.

Les mots sortent d’avance et s’attirent l’un l’autre.
Rafale.
Plus je rencontre des mots rares, moins je retiens leur spécificité, résistance qui me pousse à harceler des forces dernières, à traduire une langue par une autre dans une espèce de décision infantile.

Près de moi, une femme sans âge fait en sorte d’attirer mon attention en me réclamant l’heure, ou en se plaçant juste en face de mon champ de vision pour vérifier si je peux lui montrer quelque intérêt. A un moment, elle laisse même échapper quelques mots à peine audibles tout en se préparant à partir, mais je m’efforce de l’ignorer pour ne pas favoriser son approche.
Elle représente, pour ce jour, en cette heure, tous les gens seuls, que je remarque toujours avant les autres.

J’éprouve souvent le désir d’annoncer des partis pris puis de m’en défaire.

A nouveau, il prétexte un retard et me prie de ne pas y croire. Mais je refuse.

Parfois, il me semble que je pourrais de nouveau apparaître, m’agiter, créer, mais aussitôt je verse dans l’indifférence.

Comment est reçu le désir ? Un peu comme une annulation sonore qui aplatirait le sommaire.
Je m’engage à nommer des envies, à liquider des bouffées de pulsion pour m’atteindre. Quelle sottise ! Tout ça procède de la même oppression, et j’ai beau épuiser des solutions, je tombe chaque fois sur des forces immobiles.

C’est Goldoni qui écrivait : “Je voudrais trouver une solution mais je ne sais pas laquelle choisir.”

Jamais aucune conviction, pas même des amorces de sorties. Le dolent, toujours le dolent.

Il y a certains états qui spécifient le désir jusqu’à le rendre méconnaissable et d’autres qui attirent les spéculations.
Dérisoire.

La bibliothèque est sans extrémité. Même si je puis aligner, compter tous les livres qu’elle admet, je la vis comme une évaporation.

En observant quelque peu ma conduite face au nombre, je constate à nouveau mon dédain pour toute comptabilité, pour tout calcul.

Je me porte volontiers vers l’indistinct, vers des histoires qui n’ont pas de commencements réels, qu’on prend en cours, là, juste à ce moment-là.
Loin de constituer un choix délibéré, cette tendance dénote une limite de ma propre perception des objets et de leur origine.
Duchamp est intervenu là-dessus et son avancée est IRREPARABLE.

Ce qui pare au dernier moment le corps qui va mourir, c’est la trace des sommeils empilés au fil d’une vie.

« Quand on dort, on mime la mort. » (Apocryphe)
Quelques minutes après son réveil, il tire sur une cigarette.

Il se tient au bord d’un trou et regarde le ciel.

Il n’arrive plus à trouver le sommeil et en même temps il a le sentiment d’assumer une immense erreur : se tromper de personne.

IMPAVIDE , adj. (1801, impavidus, rad pavor v. Peur) Qui n’éprouve ou ne trahit aucune peur. V. impassible, intrépide devant le danger.

J’aime attendre car je sais que cette activité procède chaque fois d’un protocole inavoué.

“Le Journal est un négatif d’obsessionnel.” Allons bon !

« Vacillements de l’image », »Vacillations du sens. » Ces expressions me renvoient aux mouvements des signifiants, à cette espèce de trace qu’ils laissent derrière eux quand on les traîne.
Frictions, Fruitions de la langue.

Ca n’a pas duré longtemps, le désordre s’est à nouveau installé sur le bureau, projetant des morceaux de son corps en tout sens.
Dispersion.

Controverses. Maladies. Morts. Images. Le discours qui s’annonce m’habilite.

Voila 5 jours que la petite Sarah-Laure est entrée dans le monde. L’émotion de la naissance est déjà loin.

subjuguer l’instant – recopier les mots des autres – construire des fictions- associer – prendre rendez-vous – lire, lire – supposer le bonheur quelque part – engranger des habitudes – situer la folie afin de la tenir loin de moi – m’écarter – dîner avec Geneviève – ne rien demander du tout – finir cette liste.

Il me dit : “ j’écris comme je jouis : rapidement.”
Mourir une fois et revenir au tour suivant. baise, bouffe, écriture. Ca se marie dans l’urgence.

Son regard est avalé de l’intérieur.
Quand elle le pose sur un objet, je m’approche d’elle et l’effleure d’une main.

Ils iront au cinéma, regarderont quelques images puis prendront des photos du film.
A la sortie, ils arrêteront des enfants dans la rue, parleront avec de vieilles personnes puis s’en iront sans se retourner.
Préface.
Comment choisit-on un écrivain, une œuvre pour écrire dans la durée ? Comment s’accomplit cette décision, ce geste coupant, pour traverser un empire de langages qui est pris comme tout premier objet ?

Il arrive qu’une œuvre soit à ce point indistincte que ne l’on ne puisse plus reconnaître l’auteur que sous sa forme inversée, telle une image qui n’aurait pas subi le renversement inhérent à sa reconstitution.
C’est dans cet entre-deux, dans ce passage ENTRE de la vision que l’on doit situer ces morceaux éparpillés.

Si je reconnais dans ce travail le passage ENTRE l’état antérieur de la vision et sa constitution définitive, c’est bien pour asseoir tous les textes sur un support inconfortable.

J’ai écrit pour m’assurer que l’écriture est chaque fois un geste fondateur qui nous pousse “ hors du rang ”.
Est-ce cela entrer dans l’infini des possibles ?

Dans l’acte d’écriture, il fut un maître silencieux, un maître qui ne fit pas école, un maître qui n’enseigna pas des Savoirs mais donna le moyen d’accéder aux marges de ces Savoirs, à ceux qu’on ne découvre pas immédiatement et qui cherchent l’amateur sous le lecteur.
Il confiait volontiers : “Je ne dis pas ce que je sais, je montre ce que je fais.”

On peut passer une vie entière à écrire sans savoir ce qu’il en retourne de cette activité : « C’est par cette inconnue que la littérature tient au réel. »

J’attends ici, à la terrasse sale, ordinaire de ce bar et en remuant ce qui peut être possible d’agiter. Dans cette circonstance, je n’accomplis pas une fonction, je traverse des apparences.

Premier séjour à Paris durant lequel je renonce à sortir. L’appartement de la rue des Cordeliers me garde.
ENTRE la nuit ? Non, ENTRE deux jours.
Point éclair.

Peut-on écrire de la même façon quand son père est mort ?

Il faut continuer.
Il faut admettre l’idée de continuer et de “visser une voie”.

En trop comme en reste. Quel diable lui aussi : propre, aimable, courageux.

Commencer, commencer, chaque fois et puis passer à autre chose. Tous ces commencements engorgent la tête.

Cinquantième Noël.
Plus d’autres à venir, plus d’autres ?
Il attend que ça passe.
Attend qu’il naisse, à nouveau.

Relevé de détails, quatre ici : le sort, la panne, l’indécision et le parjure.

Défection amoindrie.

Entendu quelque part : “Il ne faut pas retenir ceux qui veulent sortir du monde.”
Mais par où ?

Il s’applique à signaler une raison sans supposer que les autres l’engagent.

Par delà les forces.
En amont d’une décision.
La conciliation est avancée sans pourtant se signaler.
C’est ainsi que je la préfère.

“Montrer de l’assurance pour ériger son être-là.”
Allez, continuez pour voir !

Il défendait “le droit à la lenteur”, en faisait même un problème écologique, tant il était sensible à cette prestesse partout visible qui désigne si fort le moderne ; façon d’aller contre cette tendance vertigineuse où tout est aplati au nom du toujours plus vite.

“Rire veut dire : je ne comprends pas l’autre, je ne veux pas de l’autre, je veux le même”
La violence d’un rire était pour lui une sorte de détournement dans lequel il ne serait plus en mesure de tenir à une distance respectable cet autre là : œuvre d’art, femme, étranger, etc.,.
Rire de l’autre peut aller jusqu’à lui refuser son existence car les plus grandes violences commencent par cette faille ouvrant un visage et qui fait parler la barbarie. Il ne supportait pas la moquerie, elle qui procède toujours d’une grossièreté des sentiments et qui ne donne aucune chance : “ (…) dès lors qu’on rit d’une sensibilité ou d’une innocence, dès lors qu’on rit d’un auteur à son insu, la barbarie apparaît.”

Il ne pouvait faire Ecole, ériger son nom en tour théorique ; il ne s’est pas pris pour son nom et l’on n’a pas sanctifié ses moindres interventions ; nul ne peut ravir son œuvre, s’identifier sans dommages, s’identifier à sa personne jusqu’à la jouer ; se transformer en fils ou en petit-fils.

“Un texte, on n’en reçoit à vrai dire que la fissure, la rayure diagonale et traversière.”
Cette manière d’approche ne peut transformer le lecteur en adorateur d’idole car le texte est lissé, caressé, découpé en morceaux d’indécision . Qui a pu se constituer et tout uniment s’enfermer dans le ghetto du texte de R ? ; texte si troué, si avide de déplacements et si dépendant de l’occasion , de la rencontre et du désir.
On ne ressasse pas le texte de R, nul exégète patenté n’a pu fermer cette œuvre, s’en emparer.
Elle résiste avec ténacité mais pour combien de temps encore ?

Ecrire par vagues successives, par déferlements inversés, par transmission de texte à texte.
Ses écrits sont autant de lieux inventés par lesquels je passe pour déposer une lettre dont je n’attends pas de réponse.
Quelquefois, il m’arrive de chercher des indices, une conduite générale, un modèle d’écriture, mais la lecture reprend le dessus et je poursuis.

L’autobiographie de R n’existe pas, elle tient à un réel perdu, lui qui a sans cesse affirmé ne plus se souvenir de l’enfance.
De son passé, il lui restait quelques traces, des images, des « biographèmes », traits sans consistances apparentes et qui pourtant le signalaient en faisant de lui un être composé.

Le cahier inachevé.
C’est de ne pas avoir retrouvé le précédent qui me pousse à ouvrir celui-ci : plus lourd, plus large, plus compact aussi, comme un objet en bois que j’ai réservé pour “les temps de la reprise”.
Et pour me soumettre à une nouvelle idéalité.

Tracer, Tracer, Tracer.
Il me semble impossible de ne plus considérer mon avenir sans cette activité.

J’écris , ce matin, un peu perdu, ne sachant pas très bien où vont me conduire ces formes.

Chaque année nouvelle m’apparaît décisive et en même temps tenir de l’impossible.

Dure, dure et brillante la coquille.

Labilité, distanciation. Métamorphose du texte en texte. Je voudrais voir le tissu entier, la trame, le dessin interne du texte afin d’englober son inscription d’un seul coup d’œil. Leurre.

Le texte est une eau et rien de ce qu’il recèle ne peut exténuer une vision pleine du regard. Je ne puis qu’attendre avec lui, me laisser posséder puis me détourner de ses atours pour le reconsidérer négligemment, avec l’idée qu’il dépasse toujours son énonciation.
Cependant, il est toujours plus fort que moi car il s’impose.
Me reste alors à négocier avec lui, afin d’aller à l’encontre de ses aspérités, de ses retenues, de sa force immobile.
Parfois, je me demande si l’acte de dormir ne tient pas à une contrainte qui dépasse les limites même du possible. (écrit après avoir lutté toute la journée contre le sommeil)

La reconnaissance littéraire comme sortie.
Nous alignerons les dates différemment pour déplacer le blanc sur les pages.

IMPERITIE : manque d’aptitude, d’habileté notamment dans l’exercice de sa profession. V. Ignorance, incapacité.

COMMINUTIF : (adj 1839, lat, comminere , « briser ») : qui produit de petits fragments.

Bégaiement de l’esprit. Le corps en état de dénonciation maladive.
Dés qu’il est atteint, il semble porter en lui les éléments de son démembrement.
Et, dans le temps de cette constatation, je me prends à le nier, à liquider son existence dans un “Je n’en veux rien savoir”.
Quelle facilité partagée.

Forces. Il me faut m’entourer de tous les dangers possibles pour me rendre “là où je dois advenir”.

De la faiblesse, je ne puis rien rapporter de très précis. Non.
Alors que H M.

— Comment écrire ?
— Encore cette question ?
— Croyez-vous vraiment qu’on puisse l’ignorer ?
— Oui, en prenant la décision de ne jamais plus projeter cette idée.
— Si ne pas écrire, tenait de la simple décision …

J’évalue la distance qui me sépare du familialisme comme irréversible. Nous sommes entrés dans une architecture plus nette, aux arêtes plus visibles. Et j’ai pris le parti de les contourner.
A présent, me rendre chez H. m’est devenu pénible, tant je reconnais là tout ce contingent de rapports impensés que j’ai accueillis autrefois ; H. a sauté d’un milieu pathogène à un autre. Sans pause. Aujourd’hui, quand je suis chez lui je retrouve tels quels, les affects qui m’ont tant fait souffrir autrefois. Alors, j’esquisse un pas discret pour me tenir hors du cercle.

Attente. Désordre. Notes.
Toujours la même histoire qui se répète.

Carrefour
Démonstration
Evidence.

Chaque matin , je prends deux “bonnes” tasses de café et ne parviens pas à finir la seconde.
Ce qui reste au fond de la tasse c’est un temps irrévocable.

Il faudrait retourner la peau, changer de place les organes, concasser le cerveau pour le rendre à l’état liquide. En fait, transformer tout le corps en eau pour le déverser là d’où il est sorti.

Nuit noire. Assomption. Morale de l’instant. (On commence souvent par la morale dans les textes de Sade). Aujourd’hui encore il va falloir négocier avec l’angoisse, se soumettre à des délibérations inavouées et prêter serment “de ne jamais recommencer”.
Comme la Loi est commode.

Annonciation du vide. Prolégomènes de l’à peu près.
Comment annule-t-on une vie entière ?
Oui, comment ?

J’incline la tête, tourne mon visage vers cette vitre teintée et fais semblant de ne pas me voir, mais rencontre inévitablement mon image. Encore.
Je m’estime de moins en moins trompé sur ce que j’aperçois.

De quels sorts joue-t-on ?
Où les prendre ?
Comment retourner en propositions ces questions ?
En affichant une conduite générale ?
En repassant par de vieilles certitudes pour évaluer le parcours accompli ?

Stupéfiante l’impression de se sentir littéralement dévoré par son corps. On ne « machine » pas cette propriété du moi, on lui préfère l’absence ou mieux, le retournement. Se détourner du supplice en arrangeant le quotidien pour en faire un objet de discursus (courir à travers).

Empilement.
J’imagine volontiers les théories de notre Occident comme un immense feuilleté : serré, comprimé, jauni sur des bords gondolés. C’est tout à fait formalisable : un pot de colle blanche et des feuilles, des milliers de feuilles ajoutées les unes sur les autres. Parfois, la lame acérée d’un couteau aurait ouvert une brèche au centre ou sur les bords.
Sèche plaie béante.
(Les bibliothèques du monde constituent les premières réalisations réelles de ce fantasme.)

Enseigner la littérature est propice au détournement. On ne manipule pas impunément les théories littéraires sans subjuguer l’envie d’écrire.

Répéter.
Pour écrire, il faut délaisser les petites admirations qu’on entretient et qui, à certains moments, prennent assez d’importance pour empêcher de s’y mettre.

J’ai manipulé des concepts, j’ai frotté des théories, j’ai arraisonné le partage en condamnant toutes suppositions.
Je n’ai pas cessé de m’arranger, quoi !

Le statut du personnage dans la littérature est improbable c’est pour cela que l’on continue à le manier.

Je me prends à penser que toute préface est rendue vaine si on procède à sa lecture dans l’après-coup, car le texte est là, déjà, en nous, il a inondé notre disponibilité en supplantant le texte inaugural.

Vacance du sujet.
Corps lourd.
La même idée est renvoyée de part et d’autre.

L’eau est restée plusieurs jours dans ce verre et de fines bulles se sont formées au fond et sur les parois. La gorgée que j’absorbe prend le goût de la cigarette, mêlée au café que je viens de boire.
Même dans la bouche, des restes.

Lourdeurs. Trouver de la légèreté là où la lourdeur envahit tout. Aujourd’hui, je suis incapable de poursuivre une idée, une lecture.
L’intenable de la situation quotidienne.

Il lit quelques entretiens d’André Rolin avec des écrivains, cela lui donne envie de retourner au Roman qu’il a entrepris, mais la chemise qui rassemble les quelques pages reste introuvable. Alors, il soulève d’autres chemises, minces ou bourrées : “Notes de l’avant-veille” ; “Poussières de lecture” ; “Bibliographie générale” “Volume complémentaire” ; “Affaires étrangères” ; “C.V” ; et puis bien d’autres encore qui tracent les repères indécis d’une petite histoire de l’écriture. Un signifiant survient, un seul, quand il tente de délibérer sur cet égarement : interruption. Tout son passé semble dépendre de ce mot qui renvoie, sans discontinuer, le désir au plaisir des commencements. Cet empilement, tous ces dossiers autour de son regard, avance les signes d’un symptôme qu’il essaie vainement de réduire. Mais depuis un certain temps, il vit avec lui et négocie sur les bases d’une plus grande disponibilité.

Il me dit, sans que je l’interroge : “Cette situation me désigne comme le nom voudrait représenter la chose.” (je n’en crois rien, mais fais semblant…)

La dernière partie de l’ouvrage n’avait rien à voir avec ce qu’il avait l’occasion de rencontrer dans ses lectures quand il promenait son regard sur les rayons des libraires. En une vision, il apercevait toute une thématique de la Question. Mais parfois, il lui arrivait de se tenir du côté des êtres qui s’arrangent avec la Question, tout ça pour ne plus s’en occuper.

“Je n’ai jamais eu qu’une passion dans ma vie, la peur.” Hobbes
Etranger à cette passion.

De la souris, ce qui me répugne le plus c’est la queue, car c’est elle que j’entrevois en dernier, quand elle se dérobe derrière un meuble. A la fin, je parviens à transformer le moindre fils gris un peu épais, en souris déposée.
Une obsession.

L’écriture du scénario donne comme une chaussure un peu étroite et que le pied façonne.

Télescopages.
Bruits de feu.
Histoires délétères.
Façons de dire.
“L’endroit le plus érotique du corps, c’est là où le vêtement baille.”

Façonner le mouvement de la spirale de manière à conditionner ses déplacements.

Il faudrait prendre la décision de ne plus rien écrire sur l’œuvre, de la laisser avancer, tel un secret.

L’accoutumance à l’écriture est un renoncement.
J’invente toutes les solutions possibles pour ne pas écrire, pour m’occuper à autre chose. Non.

Un fantasme persistant.
S’astreindre à une rigueur imparable, renvoyée de jour en jour.
Me fascine la régularité d’un Paul Valéry se levant chaque jour à 5h du matin et rédigeant ses Cahiers jusqu’à 9h. Pendant cinquante et une années.

Quand le fantasme est écrit, il parle de la mort.

L’été ne parvient pas à sortir de l’hiver ; je ne parle pas des saisons intermédiaires, elles n’existent plus ou, à tout le moins, chacune de nos saisons est intermédiaire.

Ecrire du théâtre et tirer des dialogues une sorte d’étrangeté issue des côtés de l’histoire.
D’un hors-champ aveugle.

Il ne s’est pas aligné sur les théories contemporaines, mais soutirait çà et là des morceaux qu’il absorbait d’un trait.
Aujourd’hui, il lui apparaît de plus en plus difficile de se fixer sur un système. ( A cet égard, la lecture de Nietzsche lui fut fatale.)

Dehors, le vent est très violent, j’écris au travers du bruit saccadé qui s’engouffre par la fenêtre grande ouverte.
Le vent déjoue l’idée de continuité.

Balzac : “Elle marchait sans que le mouvement se distribuât dans sa personne, elle allait d’une seule pièce.”

“Catherine : Oui. Vous savez, ce que fomentent les dieux , parfois, ce ne sont pas des destins monstrueux, des destins rares, choisis, ce ne sont pas des chances de la fortune qui écrasent ou immortalisent, c’est simplement la marque la plus banale d’un sort commun. Le mystère étant là, résidant là. Dans le sort commun.”
Henry James, La Bête dans la Jungle adapté par Marguerite Duras.

rafale
histoire
limite et désordre
annonciation des contraires.

Descente.
Je décide brutalement de ne plus rien dire, d’écouter encore plus.
Les deux autres parlent, ne s’arrêtent plus devant moi. Ils mettent beaucoup de mots entre nous, pour réduire la complicité qu’il ont établie devant moi.
Je m’installe dans cette exclusion sans chercher à la réduire.

A la dérobée, il trace quelques mots sur un cahier pour en venir à bout, pour le triturer, en faire un objet mort, mais il ne tient pas la durée.

Nouvelle épreuve avec la mort. A chaque réveil.

“Ca ne tient pas, tel un aliment fragile.” J’aime cette comparaison.

Il ne trahissait pas le Nom.
Il parlait de riens, de quelques méfaits, d’objets inactuels, de sa mère ou de ses amis.
Il remplissait ces êtres d’une sorte de grâce malhabile et vouait une authentique passion à la langue.
Les livres dont il parlait étaient des témoins.
Oui, il savait se taire sans souffrir.

Il se sent tiraillé entre la volonté de ne pas inscrire une fiction théâtrale dans les termes reconnaissables de l’interlocution “humaine” (trop humaine…) , et la nécessité de mélanger à la vie d’une histoire ces décrochages sublimes qui font le prix des textes écrits.

C’est en lisant La vie matérielle qu’il s’interroge sur la présence d’un enfant dans la vie d’un écrivain, cette présence obsédante qui réduit les jours, les heures de travail, qui oblige à composer avec le temps.
Calculs, retraits, divisions.
Le temps de l’écriture doit donc s’arranger hors de la présence de l’enfant.
Une absence pour écrire ?

Il n’aime pas boire un café quand on le présente comme un “jus”.

Ecrire une “Histoire de la lecture” en partant de cette physique.
Opération de fin de règne.

A nouveau, il a envie de composer de petites œuvres graphiques, peintes sans prétention aucune. Seul le plaisir de la marque hasardeuse peut expliquer cette tentation.

Lucia Joyce : nom magique.

Une femme se réveille la nuit dans sa chambre d’hôpital, elle se parle, attend, fait sur elle, parle à nouveau, délibère, puis se résout à appeler l’infirmier de service qui la lave, la change, lui parle, reste auprès d’elle.
Le lendemain, sa fille vient la voir mais ne peut lui parler car elle dort tout l’après-midi. Dans son sommeil, elle lui demande si elle peut revenir le lendemain, mais c’est à nouveau la même scène de silence. La nuit, elle appelle encore l’infirmier, ils parlent jusqu’au matin, jusqu’au changement de service.

Le Journal comme rappel à l’ordre.

Chapitres courts.
Temps et modes brassés.
Le rythme de lecture ne correspond pas au temps du récit.
On s’aventure à lire lentement le texte alors que l’histoire du narrateur défile de page en page.
Cette distorsion ravit l’attention.
En vérité, cette histoire négative ne l’intéresse pas vraiment, ce sont plutôt les conduites du récit, la construction en chapitres brefs et la diversité des temps grammaticaux qui le retiennent.

Passer outre la différence ENTRE.

Ecrire une histoire de l’insomnie, chaque nuit.

Bousculements.
Se précipitent valeurs, projets, idées de recherche, formulations, dans un chaos tiré du point de renoncement, de cet angle indécis où la raison est condamnée à résister. Chaque fois qu’il lit, crayon en main, des textes forts, il se laisse surprendre par des pulsions importunes.

Sentir sa tête déchargée.
Eloigner les contraintes professionnelles pour se remettre à penser.

Lieux rêvés.
Depuis peu, c’est-à-dire, depuis qu’il a retrouvé le plaisir de tracer, son lieu de travail ne peut s’entendre que double. Il pourrait s’agir d’une pièce claire, aux vastes proportions dans laquelle il reconnaîtrait deux espaces : l’un pour écrire, l’autre pour dessiner. Le premier espace admettrait un divan sur lequel il pourrait “mariner” à loisir ; le second serait large puisqu’il fantasme la composition de grands formats.

Pas une fois, il ne se laissa enchaîner par la répétition d’une méthode, pourtant sa fidélité à soi était manifeste, en dépit des changements de sujets qui engendraient des modifications subtiles d’outils (et de méthodes).

Son activité était de déchiffrement, déchiffrement amical et amoureux des textes. Il était capable d’en respecter les multiples facettes, la pluralité des sens et de faire travailler la productivité du signifiant qui donne à son œuvre ce tour assez unique d’être à la fois légère et onctueuse, diverse et centrée, sans pourtant sacrifier la rigueur.
Continûment, ce qu’il entendait préserver, c’était la joie subtile de la rencontre non programmée : aux terroristes de la norme, aux maniaques classificateurs de la vérité, aux discoureurs logiciens du Bien et du Mal, aux défenseurs du Naturel, il opposait doucement son goût de l’aléatoire, de l’occasionnel. D’ailleurs, quand on réside intimement avec cette œuvre, que l’on prend le temps de la savourer, on ne constate nulle frivolité, nulle superficialité mais la présence d’une stupéfiante force contenue.

Il faudrait écrire une Histoire des renoncements, des parodies, des fuites, des oracles, de la borne, des données, des ajustements, des

La douleur se répartit ailleurs, gagne le reste du corps, le déborde, atteint la pièce, butte contre les murs et revient d’où elle s’est formée : juste en-dessous, là. Vous voyez ?

Points d’ancrage de la mémoire
Sauf
Attirance du précis

S’en défaire, s’en défaire puis attirer le présent dans un geste. Un seul.

Il avait accompli le geste de celui qui défait le mobile
Il avait tourné autour de l’objet avant de le saisir
Longtemps il était resté sur la commode.

Il s’arrange, il s’arrange.
A dénoncer l’espace du vivant on y perd la force d’y revenir.

Il n’avait jamais admis ce silence renvoyé de part et d’autre.
C’est pour ne pas avoir à s’en débarrasser qu’il tenait les autres à distance.

Ne pas trop dire.
Ne pas trop se montrer.
Se signaler, juste ce qu’il faut.
Mais, sur tout ça, une conviction perdure : ne pas se “chercher” mais plutôt, continuer.
Pour adoucir le trajet, il glisse un carré de chocolat sous la langue.
Il se fabrique, s’engendre, se manifeste… Ah, manifester de l’intérêt, “s’enthousiasmer”, mettre du plein là où le rien préside.
Couler, mettre en œuvre, camoufler, disparaître.
Combien de verbes pour déjouer l’idée de continuité ?
— Donner du mouvement à la matière et assister à son démembrement.
— Entendu. Mais c’est maintenant que vous quittez l’hiver ?

Il dit : “j’aimerais marcher sur les contours d’une plaine et renoncer à entrer dans le cercle magique.” (Peu de temps après avoir prononcé ces mots, il disparut.)

Juste avant de mourir, il se prend à penser à tout ce qui ne s’est pas écrit et pose une main devant ses yeux

Quelquefois, il redoute l’idée de vouloir écrire pour être écrivain, pour correspondre aux signes de la représentation sociale. C’est alors qu’il a peur, qu’il se méfie de lui-même et se retrouve envahi d’un doute mortel car touchant à une certaine part de la vérité. Que va t-il faire ?
S’interrompre dès que c’est possible
Rêver à l’aventure en ne finissant jamais
Rendre suffisants même les temps ENTRE.

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